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18 septembre 2009 5 18 /09 /septembre /2009 13:24

Le PCF, le NPA et le PG viennent à quelques jours d’intervalle de publier des documents d’orientations concernant leurs stratégies respectives aux élections régionales de 2010, orientations confirmées par leurs dirigeants et portes paroles respectifs lors de la Fête de l’Humanité. La question du rassemblement de la gauche est au cœur de ces trois documents concomitants dans le temps. L’analyse croisée de ces trois documents peut être utile pour dégager des perspectives :

 

Au NPA (déclaration du comité executif du NPA) :

Le NPA condamne fortement le « déplacement à droite d’une partie de la classe politique », à savoir le rapprochement des Verts, du PS et du Modem, illustré par la rencontre entre Vincent Peillon (PS) Daniel Cohn-Bendit (Vert) et Marielle de Sarnez (Modem)… ainsi que Robert Hue donc chacun saura, je l’espère qu’il n’y représentait que lui-même et en tout cas pas le PCF.

Pour le NPA : « Il faut se prononcer clairement pour un rejet national, explicite, dans les 22 régions, de toute alliance de premier ou de second tour comprenant le Modem. »

C’est pourquoi, le NPA « propose sans attendre au PCF, au PG, à LO, à la Fédération, aux Alternatifs de se rassembler. »

Dans cette déclaration,  le NPA ne parle pas de sa position face au PS au second tour. On sait cependant qu’Olivier Besancenot a déjà déclaré être prêt à accepter une « fusion technique » au second tour dans le but de battre la droite.

 

Au PG (déclaration du secrétariat national) 

Le PG condamne dans des termes à peine moins forts que le NPA le « glissement des socialistes vers le Centre ». Selon le PG, le PS a choisi l’alliance avec le Modem « et le programme qui va avec », programme qui n’est bien sûr pas celui de « la rupture avec les logiques capitalistes »

Pour le PG, l’objectif est de « contester le leadership social-démocrate à gauche » par l’élargissement d’un Front de Gauche qui ne saurait « se décliner au pluriel ni être à géométrie variable selon les élections ». C’est pourquoi le PG propose un « paquet » : « l'engagement à s'unir pour les élections régionales, présidentielles et législatives, de toutes les forces désireuses de construire une alternative politique à vocation majoritaire en rupture avec les logiques capitalistes et les modèles productivistes ».

A ce titre, le PG n’approuve pas la volonté du PCF d’inclure le PS dans des ateliers d’élaboration du programme du Front de Gauche, ce qui ne peut être selon lui que « la source de confusion et d’illusion ».

Aux élections régionales, le PG propose une « fusion démocratique avec les autres listes de gauche ». Le terme « fusion démocratique » indique une fusion sur le principe du rapport de force, du nombre de voix respectifs de chaque liste et conditionne la participation la participation aux exécutifs «en fonction du contenu et du rapport de force d’une part, et des accords du PS avec le Modem d’autre part ».

 

Au PCF (rapport introductif de Pierre Laurent),

Au PCF, la discussion est encore en court. Si Pierre Laurent, n°2 du PCF a fait un rapport introductif présentant des projets d’orientations, le Conseil National n’a pas encore tranché et il n’existe pas de déclaration définitive. Un vote des militants sera organisé mi-novembre pour décider de la stratégie à suivre. Néanmoins, ce rapport introductif, ainsi que la discussion qui s’en est suivi donne quelques indications :

Si le PCF a dans d’autres déclarations fortement condamné le rapprochement PS-Modem et s’est désolidarisé de Robert Hue qui participait à la rencontre organisé par Vincent Peillon, il renvoie aujourd’hui dos à dos NPA et PS : « On nous somme de choisir, il faudrait soit renoncer à l’ambition d’un projet transformateur, soit renoncer au pouvoir. »

L’ambition du PCF pour les régionales est de « travailler à des projets régionaux utiles à combattre la crise et les logiques financières capitalistes ». Pour se faire, il espère rallier toutes les composantes de la gauche :  les socialistes: « ne renoncez pas face à la crise, ne vous perdez dans des alliances avec le Modem qui désespèrent le peuple de gauche, ouvrez avec nous le débat de projets à gauche » ; les verts : «  nous serons plus forts et plus efficaces pour imposer de nouveaux modes de développement si nous nous attaquons ensemble aux logiques de rentabilité, prédatrices pour les hommes et la nature » ; le NPA, « ne ratez pas une fois encore le coche de l’unité, ne vous retirez sur l’Aventin quand il s’agit d’aller disputer le terrain des majorités de gestion » 

C’est dans cet optique que le PCF veut ouvrir les ateliers du Front de Gauche aussi bien au NPA qu’au PS.

Quant à la stratégie de premier ou de deuxième tour, là encore, le PCF ne désespère pas de pouvoir amener le PS sur ses positions : « Pourquoi par exemple décréter aujourd’hui que nous ne serions capables que de fusions techniques au second tour ? Notre ambition est toute autre.
L’offre politique que nous voulons construire vise bel et bien ces deux objectifs : des projets de qualité réellement ancrés à gauche, et leur mise en oeuvre effective »

 

En conclusion

Le PG et le NPA sont sur des positions quasiment similaire et abordent frontalement la question des alliances : engagement à conduire des listes autonomes du PS au premier tour, et fusion avec réserve avec les autres listes de gauche au second tour. Entre les termes « fusion technique » et « fusion démocratique », on peut penser qu’un terrain d’entente peut être trouvé. C’est ainsi que le PG émet l’idée qu’il pourrait fusionner au second tour avec une liste PS, mais ne pas participer à l’exécutif en cas d’alliance avec le Modem ou si le contenu du programme de l’exécutif ne lui convient pas, ce qui est très proche de la position du NPA.

 

Le PCF n’a pas encore officiellement décidé de sa position finale. En attendant, il persiste à ménager la chèvre et le chou, à dire que l’important est « le projet », dont on peut discuter tout autant avec le NPA qu’avec le PS. Cette attitude me semble irréaliste. Parler d’alliance, c’est « parler du projet qui va avec » pour reprendre les mots du PG. Dans sa déclaration de principe, le PS déclare ainsi « croire en l’économie sociale et écologique de marché », tandis que le NPA est lui « anticapitaliste » comme son nom l’indique. « Croire en l’économie de marché » ou se définir comme « anticapitaliste », ça borne un projet. Le PS d’un côté,  le NPA et le PG de l’autre en sont d’ailleurs bien conscients,  c’est pourquoi tous ont exclus toute alliance avec l’autre.

 

Aujourd’hui, la pierre d’achoppement d’une union de la gauche anticapitaliste semble bien être le PCF, lequel semble avoir les plus grandes difficultés à rompre avec le PS. Ce qui peut en partie se comprendre :

Le PCF a participé aux exécutifs régionaux sortants et leurs bilans sont un peu le sien. Participer à des listes indépendantes du PS sans se déjuger sur sa cogestion des régions avec le PS ne peut prendre un sens que si le PCF parvient à expliquer pourquoi ce qui était vrai hier ne l’est plus aujourd’hui. A mon sens, la conversion du PS à l’économie de marché, son rapprochement avec le Modem d’une part, et la création du PG, les offres d’alliances du NPA d’autre part ont créé un nouvel horizon politique qui peut justifier un changement de pied du PCF.

Une autre raison est sans doute la crainte pour le PCF de perdre de nombreux élus, notamment au sein des exécutifs. Une crainte que partagent bien sûr les élus concernés pour leur propre sort. Mais plus largement, les dirigeants et une partie de la base craignent la perte d’influence politique que donnaient ces élus et aussi les financements et donc les moyens d’actions politiques que donnaient ces même élus. Je crains plus pour ma part la perte de crédibilité du PCF s’il fait le choix de suivre le parti hégémonique de la social-démocratie à l’heure ou la gauche anticapitaliste cherche à se rassembler.

 

On comprend néanmoins que le choix ne soit pas facile pour le PCF.

 

Néanmoins, pour difficile que soit ce choix, il faut le faire. Ce choix est le seul qui donnerait une crédibilité et une cohérence à la gauche anticapitaliste, condition indispensable pour qu’elle retrouve la confiance des électeurs : comment dénoncer aux élections européennes la cogestion droite – centre – social-démocratie de l’Europe et avoir fait campagne sur la différence du groupe GUE pour à l’élection suivante cogérer avec la social démocratie - voir avec les centristes - les régions sans à minima des listes indépendantes au premier tour et garder quelques distances au second par l’emploi d’un terme comme « fusion démocratique » ou « fusion technique » ? J’appelle de mes vœux une prise de position sans ambiguïté du PCF à chercher le rassemblement de toutes les forces anticapitalistes, en toute indépendance de la gauche social-démocrate et notamment du PS, avec la recherche d’une formule qui fasse consensus entre le PCF, le PG et le pour le second tour afin de faire barrage à la droite tout en marquant la différence entre les deux gauches, anticapitaliste et social-démocrate.

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commentaires

G
<br /> Bonjour cher camarade , nous ne sommes pas dans le même parti ( je suis au NPA) mais cet  article me met du baume au coeur . Bravo pour ta cohérence et ton courage . Oui ,il y a 2 gauches et<br /> celle à laquelle nous appartenons n'est pas celle du renoncement du oui au TCE et donc de l'économie de marché c'est à dire du capitalisme . Je suis niçoise et dans cette ville , nous avons , cet<br /> été , présenté une liste commune à une cantonale partielle : PCF, PG , Alternatifs, Nicea ( c'est une association regroupant des encartés à gauche et des associatifs ) et le NPA . En dépit de la<br /> chaleur , du manque de moyens et de la propagande éhontée D'Estrosi , nous avons mené une lutte commune dans la joie et l'enthousiasme . Nous nous sommes dit à bientôt pour les Régionales... <br /> L'Union est un combat tu le sais comme moi ... Alors à bientôt pour les Régionales ?<br /> <br /> <br />
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