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13 décembre 2008 6 13 /12 /décembre /2008 09:32

 J’écris ce texte au moment même où se tient le 34ème congrès national, ignorant du résultat des élections internes quant à la future direction nationale du parti, mais fort de l’expérience des congrès fédéraux préalables. Le moment me parait le mieux choisi pour donner un avis le moins subjectif possible, et en tout cas indépendant du résultat des votes.

 

 Nos statuts ont été rédigés dans l’idée d’un PCF « soudé », sans tendance organisée, et où le dialogue permet toujours d’aboutir à un consensus. Cela ne représente plus la réalité du PCF d’aujourd’hui. Sinon dans les textes, les tendances existent dans les faits. Il n’y a qu’à lire la presse pour en connaître les noms et les principaux dirigeants ; et même si en dehors de tout cadre, elle fonctionne et pour ce congrès proposent des amendements qui remontent identique à la virgule prêt de plusieurs sections et fédérations.

 Le PCF n’est plus soudé et la recherche d’un consensus y parait impossible. Le parti est en crise, chacun croit détenir la solution pour le sauver, est persuadé que toute autre voie le perdra. Dans ces conditions, les tensions ne peuvent qu’être exacerbés et la recherche d’un consensus impossible. Et puis, le « consensus mou » qui ne tranche vraiment aucune grande orientation politique pour ne heurter personne est-il un idéal politique à atteindre, en dehors où à l’intérieur d’un parti ?

 

C’est pourquoi nos statuts ne sont plus adaptés. Pensé comme je viens de le dire pour favoriser la recherche de consensus et sans logique de tendance, ils ne savent pas permettre un débat démocratique et serein quand des lignes politiques divergentes au sein du parti s’opposent frontalement.

 

 Le §12.4 prône ainsi de faire tous les efforts pour l’adoption d’une liste commune. Et si on s’essaye a mettre en œuvre en application la mise en œuvre de liste divergente, on s’aperçoit que cela est au mieux ubuesque, au pire contraire à l’effet recherché. La preuve par deux exemples imaginaires (ou presque) :

 

Prenons le cas le plus simple, ne faisant même pas appel à la notion de tendance.. Deux personnes n’ont pas été retenues par la liste des candidatures. Ils sont des militants efficaces, à la compétence reconnue par un grand nombre de congressiste mais que la commission des mandats n’a pas retenue pour des raisons diverses (besoin de réserver des places pour représenter les courants de pensées, certaines sections influentes, etc.)

Cependant, un certain nombre de congressiste souhaite qu’ils maintiennent leur candidature. Mais ces deux candidats n’ont pas autour d’eux 98 amis prêt à se lancer dans une liste alternative. Tel n’est pas le sens de leur candidature, bien au contraire.

 Ils sont deux, deux hommes. Ils ne peuvent pas être simplement ajouté à la liste commune, parce que parité oblige, il faudrait alors soit retiré un ou deux hommes, soit ajouté une ou deux femmes. Ce qui n’est pas la question.

Les statuts ne permettent pas d’ajouter quelques personnes supplémentaires à la liste proposée par la commission des candidatures. Le choix de la commission des candidatures devient dans les faits souverain, le congrès théoriquement souverain est dans l’incapacité de voter pour choisir d’élire ou non ces deux candidats n’ayant pas été retenu par la commission des candidatures.

 

 Prenons un deuxième exemple, faisant appel à des tendances, non officielle, mais néanmoins existante dans les faits. La commission des candidatures propose une liste commune regroupant une vingtaine « d’amis » d’une tendance de fait, mais a refusé d’en inclure un qu’on appellera « exclu », ce que la tendance de fait n’accepte pas. Le consensus est impossible. L’ « exclu » soutenu par sa tendance décide donc de présenter une liste alternative.

 Un premier problème se pose : la liste commune ayant été déclaré, selon les statuts 48 heures avant l’ouverture du congrès, mais dans les faits bien souvent durant le congrès lui-même, cet « exclu » n’apprend son statut d’« exclu » que au mieux 2 jours avant le congrès, mais dans les faits en plein milieu du congrès, à l’ouverture du débat sur les candidatures. Il lui faut constituer une liste soutenue par 5% du congrès dans l’urgence, ce qui peut se révéler très difficile.

Et quand bien même ils y arriverait, un nouveau problème se pose immédiatement : à la recherche d’une liste faisant consensus, la commission des candidatures a retenu une vingtaine d’amis de l’« exclu ». Les statuts interdisent d’être sur une liste et d’en soutenir une autre ; s’ils sont honnêtes les vingt amis se doivent alors de quitter la liste commune. Celle-ci est alors amputée d’une vingtaine de ses membres, et selon toute probabilité ne respecte plus la parité. Elle ne respecte plus les statuts. Il faut alors refaire une nouvelle « liste commune », à moins à 48 heures du congrès moins le temps qu’il aura fallut pour constituer la liste alternative, voir vraisemblablement en plein milieu du débat. C’est pratiquement impossible.

En tout cas, c’est à minima placer le congrès dans une situation d’urgence et de tension. Tension non pas causée par l’absence de consensus sur un nom, ce genre de chose est normal et naturel dans la vie d’un parti, mais causée par des statuts qui ne permettent pas un fonctionnement simple de la démocratie interne en l’absence de consensus.

 

A mon sens, les statuts du PCF doivent être revues d’urgence. Je ne pense pas que cette question soit mineure : un parti incapable de remettre en cause son fonctionnement interne peut-il être capable de trouver la bonne réaction à une crise profonde comme celle que nous traversons ?

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7 décembre 2008 7 07 /12 /décembre /2008 22:24

Le congrès fédéral du PCF du Val de Marne, qui doit préparer le congrès national du PCF de des 11 au 14 décembre a eu lieu ce week-end, les 5, 5 et 7 décembre. Ce congrès fédéral me laisse un goût amer.

 

 Je serais bien incapable de synthétiser les débats de ces deux jours, tant ils m’ont paru insignifiant, ayant pour but d’amender des bouts de textes sans que cela ne s’inscrive dans un débat d’ensemble sur de grandes orientations politiques. Globalement, ce week-end de débat confirme mon analyse première : ce congrès est dans la continuité des précédents, et au-delà des formules incantatoires, n’amène aucun changement, aucune remise en cause, aucune orientation politique nouvelle. Je n’en commenterais que les deux points qui m’ont semblés les plus importants :

  • La création de liste d’union, un front de gauche, aux élections européennes de juin 2009 sur la base du « non » au traité de Lisbonne fait consensus ; pour l’immense majorité des communistes, si le Parti de Gauche de Mélenchon et consort veut nous y rejoindre, il y est le bienvenu.
  • Le congrès fédéral à souhaité que réapparaisse clairement la notion de « visée communiste » dans le texte du congrès et pour cela annexé au texte du congrès le texte éponyme issu du 33ème congrès (il y’a 3 ans).. Il est positif que le PCF affiche clairement qu’il a pour but de dépasser le capitalisme, et pour horizon le communisme. Il est dommageable que cela se soit fait sur la base d’un retour au texte du congrès précédent. Cela démontre, s’il en était encore besoin, que ce congrès est avant tout celui de la continuité.

 

Enfin, je voudrais revenir sur un point qui m’a profondément attristé et m’amène à douter fortement que le PCF puisse un jour intégrer de véritables pratiques de démocratie interne.

 (En aparté, à l’usage d’un lecteur qui ne sera pas adhérent du PCF, je veux rappeler comment se déroule le processus de désignation des candidats au sein de ce parti : Les différentes sections locales font des propositions de candidats pour le conseil fédéral (direction du PCF au niveau du département). Une « commission des mandats » composée de l’exécutif sortant et de représentants de chaque section examine les candidatures pour constituer une liste unique, de consensus. Cette liste unique de consensus est ensuite soumise au débat et au vote des délégués au congrès. Les statuts prévoient que s’il ne peut pas y’avoir de  consensus, alors deux listes différentes s’affrontent.)

 Lors du débat sur les candidatures, 3 noms non retenu par la commission des candidatures sont apparus. Et le débat fut surréaliste : Puisque nos statuts ne permettent pas de remplacer des noms sur la liste présentée par la commission, il a fallut inventer des circonvolutions pour contourner les statuts sans les violer. Avec 3 noms faisant débats, pour des raisons différentes et sans qu’ils ne soient réunis par une même orientation politique, il était bien entendu impossible de constituer une liste alternative de quelques 80 noms. On pouvait alors voter pour ajouter des noms à la liste de consensus, mais la parité oblige, il fallait alors rajouter autant de femmes qu’on voulait rajouter d’hommes ou alors supprimer autant d’hommes. Bref, des effets de ricochets sur des personnes sans rapport avec le fait de vouloir apporter telle ou telle candidature. Ce qui a démontré que nos statuts n’ont pas été pensés pour qu’une assemblée puisse, à l’issue d’un débat, voter d’une manière différente de ce que la commission lui a soumis. C’est, résumé en peu de mots, ce que signifie « démocratie interne » au PCF.

 Après deux heures de débat, j’avoue être parti au milieux de la farce, et sans remord. Quel que soit l’artifice technique finalement trouvé, je n’avais pas envie de participer à une telle absurdité.

 

 En résumé, notre parti s’engage dans un congrès qui promet d’être celui de la continuité, structuré par des règles de fonctionnement qui en dehors de la bonne ou de la mauvaise volonté des équipes dirigeantes ne permettent pas l’expression de la démocratie interne. Difficile alors d’être optimiste.

 

 J’espère pourtant qu’au-delà du texte, et malgré la méthode de désignation, il sortira quand même de cela des personnes capables de représenter le parti, de créer une dynamique forte au parti, mais si cela arrive, ce sera malgré beaucoup d’obstacles. Gardons quand même un peu d’espoir.

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26 novembre 2007 1 26 /11 /novembre /2007 22:34

Article de François Doutriaux enseignant en droit privé et consultant juridique indépendant, spécialisé en droit du travail et en droit pénal, publié le 14 novembre 2007 dans Libération :

La France serait une nation «grévicultrice» : le pays du «droit de paralyser» (le Figaro, 17 février 2004), qui préfère la «guerre sociale aux compromis» (le Monde, 26 mai 2003) et souffre d'une «forme d'infirmité que ne partagent pas nos voisins européens» (Christine Ockrent, les Grands Patrons, 1998) car «nul autre pays occidental ne se comporte ainsi» (l'Express, 5 juin 2003). Un bref rappel de la réalité historique et statistique de ce phénomène n'est donc pas sans intérêt.

Premier élément du mythe, la France serait un pays de grévistes. Le nombre de journées individuelles non travaillées pour fait de grève était de 4 millions en 1976, 3,5 millions en 1984, 2,1 millions en 1988, 900 000 en 2000, 1,2 million en 2005. En dehors de pics spécifiques (1982, 1995, 2001), l'ampleur et la fréquence des mouvements sociaux ne cessent de diminuer alors même que la population active ne cesse d'augmenter. La fonction publique se substitue par ailleurs progressivement aux salariés privés dans le cadre des conflits sociaux. En 1982, 2,3 millions de journées grevées étaient comptabilisées dans le secteur privé, pour 200 000 seulement dans le secteur public. En 2005, 224 000 dans le privé pour 1 million dans le public. La part du public dans les mouvements sociaux est passée de 3 % dans les années 70 à 30 % à la fin des années 80 puis à 60 % à compter du milieu des années 90.

En effet, les principales causes de cet effondrement statistique concernent les salariés du secteur privé. Ainsi de la précarisation des emplois, du chômage, de la désindustrialisation, de la désyndicalisation ou du démantèlement progressif du droit du travail. Un salarié en CDD ou en CNE va-t-il faire grève ? Les restrictions budgétaires successives et l'effritement graduel des avantages spécifiques de la fonction publique, combinés au nombre relativement important des fonctionnaires, expliquent également ce glissement. Enfin, le statut particulier des agents de l'Etat facilite l'exercice du droit de grève, de plus en plus théorique pour de nombreux salariés privés. Dans le secteur privé, les 224 000 journées de grève en 2005 représentent, à l'aune d'une population active de 16 millions de salariés, 0,01 journée par salarié et par an. Sur une carrière professionnelle de quarante années, un salarié français fera donc grève moins d'une demi-journée, un fonctionnaire moins de quatre jours. Des chiffres à comparer avec les trente-trois millions de journées non travaillées pour cause de maladie en 2005. La grève apparaît cent quarante-sept fois moins pénalisante pour notre économie que les arrêts maladies. La réalité est donc fort éloignée des phénomènes massifs souvent évoqués.

Second élément du mythe, la France recourrait davantage à la grève que ses voisins. Sur la période 1970-1990, la France est onzième sur les dix-huit pays les plus industrialisés en termes de journées non travaillées pour fait de grève. Avec 0,15 journée grevée par salarié et par an, elle est 7,6 fois moins conflictuelle que l'Italie (première), 3,2 fois moins que le Royaume-Uni (septième), 1,6 fois moins que les Etats-Unis (huitième). Sur la période récente (1990-2005), la France demeure onzième sur dix-huit, avec une conflictualité qui s'est effondrée (0,03 journée de grève par salarié et par an) et demeure toujours inférieure à la moyenne (0,04 journée grevée). Les modèles nordiques – réputés en France pour la qualité du dialogue social qui y régnerait – se situent en tête du classement : le Danemark est premier, la Norvège quatrième et la Finlande septième. Ainsi la «flexsécurité», tant vantée par les dirigeants français, semble caractérisée par un niveau de conflictualité nettement plus important. Un paradoxe qui ne semble pas intéresser les défenseurs de son introduction progressive dans notre pays. La France, en dessous de la moyenne des pays industrialisés, n'est certainement pas le berceau de la «gréviculture» décriée par nos médias et nombre de nos politiques.

Troisième élément du mythe, les grèves françaises se caractériseraient par des journées nationales destinées à paralyser l'activité économique. Sur la période 1970-1990, les conflits localisés représentaient 51,2 % des journées non travaillées pour fait de grève, loin devant les 34,9 % de conflits généralisés (propres à une profession) et les 13,9 % de journées nationales d'action. Sur la période plus récente (1990-2005), les conflits localisés représentent 85 % des grèves, pour 14 % de conflits généralisés et seulement 1 % de journées nationales ! La France est treizième sur dix-huit en termes de mobilisation des grévistes. Que pouvons-nous en conclure ? Pays le plus faiblement syndicalisé de l'Union européenne, marqué par un taux de chômage élevé et une hostilité croissante des médias à l'égard des mouvements sociaux, la France n'est pas un pays de grévistes.

Pourquoi, dans ce cas, Nicolas Sarkozy promettait-il avant son élection qu'«au bout de huit jours d'un conflit social, il y aura obligation d'organiser un vote à bulletin secret pour que la dictature d'une minorité violente ne puisse imposer sa loi sur une majorité qui veut travailler» ? Outre le caractère insultant de cette promesse à l'égard des grévistes «violents» et «dictatoriaux» et la manifeste méconnaissance dont atteste notre président en ce qui concerne le droit de la grève, quel est l'intérêt d'une telle mesure dans un pays où 98 % des conflits sociaux durent moins de deux jours ? Le droit de grève est une liberté constitutionnelle et individuelle pour chaque salarié, ce qui est incompatible avec une quelconque validation majoritaire. De plus, son exercice se heurte à la liberté du travail : aucun gréviste ne peut entraver le droit d'un salarié non gréviste de travailler sans engager sa responsabilité civile et pénale. C'est là le paradoxe fondamental de cette proposition : dans le cas d'une validation par une majorité de salariés, la «dictature» de cette majorité imposerait sa loi sur la minorité qui souhaite travailler. Et ne le pourrait plus ! Nicolas Sarkozy inaugurerait donc la première législation sociale encadrant le droit de grève dans le secteur privé, mais contrevenant simultanément à la liberté de faire grève et à celle de travailler.

La loi du 21 août 2007, relative à la grève dans les transports, ne concerne que le secteur public et se contente pour l'essentiel de reprendre le dispositif de dialogue social préexistant en l'aménageant de gadgets (l'obligation d'un préavis au préavis, dont l'utilité laisse dubitatif). Elle ne prévoit aucune réquisition, n'empêche nullement l'ensemble des salariés d'une entreprise publique de faire grève. Elle ne garantit donc en rien un quelconque service minimum. Un texte pour l'essentiel vide de tout contenu autre que purement proclamatoire, très éloigné des promesses de campagne de notre président. Telle est peut-être l'explication finale de la position actuelle de nos dirigeants quant au droit de grève : des proclamations destinées à satisfaire tant l'hostilité (réelle) des médias que celle (supposée) de la population. Ainsi alimente-t-on, sans doute à dessein, les préjugés de ses concitoyens…

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12 octobre 2007 5 12 /10 /octobre /2007 22:32

Réponse au questionnaire du PCF en vue de préparer le congrès extraordinaire (Cf Alternativeforge.net ) 

 

Quel sens donner aujourd’hui au mot de communisme ?

 

            A mes yeux, le communisme porte d’abord un idéal de vie en « commun », c'est-à-dire de solidarité et de partage. Il ne s’agit pas de « charité » ou d’« aumône » qui induit un rapport de domination du donneur vers le receveur, mais bien de s’inscrire dans un rapport d’égalité fort bien résumé par l’idée à la source de la sécurité sociale « chacun cotise en fonction de ses moyens et reçoit en fonction de ses besoins ».

            Le communisme aujourd’hui n’est plus un modèle de société « clé en main » mais la volonté de construire ensemble une société où la solidarité sera la valeur première et non pas la recherche de la réussite individuelle.

 

Quelle est l’image de ce mot dans l’opinion ?

 

            On ne peut nier que pour une partie de l’opinion, ce mot est lié aux régimes soviétiques et est synonyme de dictature, d’oppression et d’étatisme centralisé économiquement destructeur.

            Cette image peut-elle être changée ? Il faudrait pour cela un discours extrêmement réfléchit, argumenté et profond. C’est hélas impossible dans la société actuelle ou le mode de communication le plus influent est le passage de 30s au journal télévisé, où ne percent que les « idées reçues » et non pas celles qui nécessiteraient de la réflexion pour les recevoir (lire Bourdieu à ce sujet).

            C’est d’autant plus difficile que certains camarades ne sont pas non plus clairs sur le sujet. Lors de la dernière fête de l’huma, il s’est trouvé des camarades pour qualifier de « défaite » la chute du mur de Berlin, pour se sentir obliger de « rappeler » que « sans les régimes soviétiques, nous n’aurions pas nos acquis sociaux », que le PC Chinois a toujours un stand à la fête de l’huma, qu’alors qu’on commémore les 40 ans de la mort du Che, la position du PCF est plus qu’ambiguë envers le régime castriste…

 

Faut-il continuer à s’y référer ?

 

            Ce mot est à mes yeux chargé d’une belle espérance, et c’est avec un immense regret que je l’abandonnerais. Néanmoins, puisqu’on ne peut changer l’image de ce mot dans l’opinion (cf. article précédent), il est indispensable de s’y résoudre.

            Je crois également que ce serait un geste symbolique fort pour annoncer que notre parti ne vis pas dans la nostalgie du passé mais ce projette vers l’avenir (cf. article « faut-il aller vers la construction d’un nouveau parti ».

 

Le PCF est-il encore marxiste ? Est-il seulement marxiste ?

 

            Si on considère Marx comme un économiste, « le Capital » est certainement dépassé aujourd’hui. Le capitalisme et la société moderne n’ont rien à voir avec celle de l’époque de Marx. L’actionnariat familial de la grande bourgeoisie de la fin du XIXème siècle et l’extrême volatilité de la Bourse d’aujourd’hui dominé par de grands groupes tels que les fonds de pensions américiansn’ont rien en commun. De même, les facilités d’échanges de marchandises et de communication d’aujourd’hui changent radicalement la nature des échanges économiques internationaux. En tant qu’économiste, nombre des enseignements de Marx ne sont plus d’actualité car l’environnement a changé.

            Cependant, si on considère Marx comme un philosophe, nombre de ses pensées sont intemporelles. La lutte des classes est intemporelle, et la nécessité pour les travailleurs de s’approprier leurs moyens de productions peut aussi être qualifié d’intemporelle.

            Mais quelles sont les classes d’aujourd’hui ? Sous quelle forme concrète les travailleurs d’aujourd’hui doivent ils s’approprier les moyens de production (nationalisation ? coopérative ouvrière ? autres ?)

 

            A mes yeux le PCF a une base marxiste : les grands principes philosophiques développé par Marx doivent être une de ses racines. Mais il doit adapter ces principes à la société d’aujourd’hui, et pour cela ne pas être seulement marxiste et intégrer les réflexions modernes, notamment des penseurs économiques qui combattent le capitalisme depuis plus de 140 ans que fut écrit « le Capital ».

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24 septembre 2007 1 24 /09 /septembre /2007 14:28

Je recommande fortement la lecture de ce livre, « Communisme : l’avenir d’une espérance » de Patrice Cohen-Séat, publié aux éditions Calmann-Levy.  L’auteur est l’un des dirigeants du PCF, en charge de la communication et des relations avec les médias, ex-codirecteur de la campagne présidentielle de Marie-George Buffet et président de l‘association Espaces Marx.

Dans cet ouvrage, Patrice Cohen-Séat revient sur les raisons de la défaite du parti communistes aux élections présidentielles. Il prolonge son analyse par une étude de la lente érosion du PCF depuis les années cinquante, bien sûr en lien avec les relations entre le PCF et les défunts régimes soviétiques, mais aussi au regard des choix politiques et stratégiques du PCF en France : mai 68, le programme commun, l’union de la gauche etc.

               Néanmoins, ce qui fait la force de cet ouvrage est la volonté d’ouvrir des pistes pour l’avenir. L’auteur rejette toute application « rigide » de la théorie marxiste et essaye d’évoquer comment l’idéal d’émancipation humaine porté par les communistes peut se conjuguer au XXIème siècle : comment contrecarrer les échecs du capitalisme, mais également comment surpasser ses succès, quelle place peut-il y’avoir pour la pensée communisme dans la mondialisation, quel discours tenir face à l’Europe, les liens avec le « mouvement social » etc. Patrice Cohen-Séat ne propose pas un programme clé en main, mais bien plutôt quelques lignes directrices qu’il s’agirait collectivement d’étayer.

 

               La conclusion de l’ouvrage en est la nécessité pour le parti communiste d’achever sa mutation en fondant un nouveau parti, débarrassé des « valises de plomb du passé », mais surtout en phase avec la société moderne et porteur d’un espoir renouvelé de la transformer en profondeur.

 Qu’on adhère ou non à cette conclusion, l’ensemble de l’ouvrage permet une réflexion en profondeur sur le passé du parti communiste et surtout sur son avenir.

 

 

 

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20 septembre 2007 4 20 /09 /septembre /2007 18:42

Réponse au questionnaire du PCF en vue de préparer le congrès extraordinaire (Cf Alternativeforge.net ) 

Assurément OUI. Comme l’a démontré le succès de la fête de l’humanité, nombreux sont ceux qui cherchent ce que la gauche a à proposer face au projet de société de la droite. Ils cherchent ces réponses notamment dans un cadre ouvertement opposé à la politique antigouvernementale et ouvertement anticapitaliste tel que celui de la fête de l’humanité. Pourtant, cet intérêt pour le discours du PCF ne se traduit pas en bulletin de vote. Pourquoi ?

 

             Cette même fête de l’humanité a prouvé à mes yeux que la mutation du PCF n’était pas encore parfaitement accomplie et que des vestiges de l’époque du « bilan globalement positif » demeurent chez certains camarades: Dans un débat, il c’est trouvé pour qualifier la chute du mur de Berlin de « défaite », d’autres ont cru devoir prendre une sorte de défense des défunts régimes soviétiques en « rappelant » que sans eux, nous n’aurions pas gagné les acquis sociaux qui sont les nôtres. Que dire également de la présence du PC Chinois sur la fête, d’affiches d’un stand de la JC (Jeunesses Communistes) vantant certaines politiques du PC Vietnamiens sans recul aucun sur la réalité de ce régime ? Et alors qu’on célèbre les 40 ans de la mort du « Che », au-delà de la nécessaire solidarité envers le peuple cubain face à l’embargo américain, il n’y a pas eu à ma connaissance de débat sur la réalité du régime castriste, à tout le moins fort peu démocratique ?

            Les œillères qui nous ont fait prononcer il y’a 30 ans cette expression désastreuse de  « bilan globalement positif » existent encore chez certains camarades. Hier, « on ne savait pas » la réalité du régime stalinien. Aujourd’hui, peut-on encore dire qu’ « on ne sait pas » la réalité des régime chinois, cubain ou vietnamien ?

            Bien sûr globalement, ces réalités sont connues du parti et de la plupart des camarades. Mais il en reste certains pour fermer les yeux et ces quelques uns là suffisent à jeter l’opprobre sur tout un mouvement. Fonder un nouveau parti, c’est demander à chacun de se positionner individuellement clairement sur cette question et la trancher une fois pour toute, à nos yeux et aux yeux de l’Histoire.

 

             Mais, au-delà des « valises de plomb », fonder un nouveau parti, c’est surtout envoyer un signal fort à tous ceux qui désespèrent de voir une force à même de se dresser contre la droite. C’est signifier que les communistes ont achevé leur mutation, qu’ils se dotent d’un outil politique en phase avec le XXIème siècle, de valeurs en phase avec le XXIème siècle et qu’ils sont de plein pied dans le siècle qui commence.

            C’est dire enfin que l’idéal communiste ne se trouve pas dans un passé nostalgique et imaginaire, mais qu’il est orienté vers l’avenir, que la société que nous voulons n’est pas une société à exhumer du passé, mais une société à construire dans le futur. Fonder un nouveau parti, c’est poser la première pierre de cette société future et c’est ce qu’il faut faire d’urgence.

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4 septembre 2007 2 04 /09 /septembre /2007 22:55

Réponse au questionnaire du PCF en vue de préparer le congrès extraordinaire (Cf Alternativeforge.net ) 

        

            Le référendum sur la constitution européenne a fait apparaître la fracture existant entre deux conceptions de la gauche :

            Pour les tenants du OUI, le capitalisme libéral est le cadre général d’une société dont il convient de compenser les excès par des politiques sociales en faveur de ceux que le libéralisme laisse de côté. Cette gauche se rapproche aujourd’hui à grands pas du centre.

Le NON plus hétéroclite rassemblait à la fois des alter mondialistes, des anticapitalistes, mais aussi des partisans d’un capitalisme d’état ou keynésien.

 

            Le référendum sur la constitution est passé, mais la divergence idéologique perçue à cette occasion perdure. En se plaçant en « allié naturel » d’un parti « pro-OUI » tel que le PS, le PCF renierait ses valeurs fondamentales.

            Dans le camp du « NON », Le PCF est le seul parti « de gouvernement », c'est-à-dire se donnant vocation à être en position de responsabilité pour faire appliquer sa politique ; politique qu’il met d’ailleurs partiellement en œuvre dans les communes et départements qu’il dirige. Au sein de cette gauche antilibérale multiforme, la place du PCF est de pouvoir apporter la preuve par l’exemple que la mise en œuvre d’un politique antilibérale et anticapitaliste est possible.

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28 août 2007 2 28 /08 /août /2007 20:58

 Réponse au questionnaire du PCF en vue de préparer le congrès extraordinaire (Cf Alternativeforge.net )

            Pour reprendre Marx, la lutte des classes a existé de tous temps sous différentes formes, et l’opposition frontale Bourgeoisie / Prolétariat en était l’expression dans le capitalisme de son époque, la fin du XIXème siècle.

             Le capitalisme moderne, libéral et mondialisé tel qu’il s’exprime en ce début de XXIème siècle est toujours l’expression d’une lutte des classes, mais en cent ans, ces classes ne sont plus les mêmes.  

            Il faut aujourd’hui prendre en compte dans la classe dominée l’irruption d’un « salariat tertiaire » qui change la nature « ouvrière » de cette classe. La classe dirigeante ne peut plus être simplement qualifiée de « bourgeoisie », les grands actionnaires, les fonds spéculatifs et les grands patrons méritent une nouvelle définition. Mais surtout, une nouvelle « classe moyenne » a émergée dont la classe dominante sait jouer pour l’opposer à la classe la plus dominée, afin de diviser pour mieux régner.

            Le « communisme » du XXIème siècle doit intégrer cette nouvelle dimension de la lutte des classes, et donc ne plus se définir uniquement dans l’opposition entre « classe ouvrière » et  « bourgeoisie », s’il veut être une idéologie de son temps.

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