Hier matin, je distribuais des tracts du PCF devant un supermarché ; tracts appelant à la convergence des luttes, entre cheminots, fonctionnaires, salariés du privé, aujourd’hui dans les grèves, demain dans les urnes pour les municipales. La très grande majorité des passants ont pris nos tracts et, en une heure et demie de diffusion, il ne s’est trouvée qu’une seule personne pour venir nous dire tout le mal qu’elle pensait des grèves dans les transports. Le mouvement décrit comme impopulaire dans les médias dominant ne l’était visiblement pas tant auprès des clients de ce supermarché.
La grève est donc « suspendue », au résultat des négociations qui se sont ouvertes mercredi et pour une durée d’un mois. On peut d’ors et déjà mesurer la conception du dialogue sociale du gouvernement Sarkozy : il aura fallut 9 jours de grèves dans les transports pour lui faire comprendre qu’il ne pouvait pas réformer les régimes spéciaux sans impliquer les principaux concernés : les salariés. On aurait pourtant pu croire que la journée de grève du 18 octobre, avec 75% de grévistes à la SNCF, fait sans précédent, pouvait être un signal suffisant.
Pendant ce temps là, avec une seule journée de grève, les fonctionnaires n’ont visiblement pas crié assez fort, puisque le ministre de la fonction publique en reste à des périphrases flous et sans mesures concrètes. De même, la réforme de la carte judiciaire se déroule également sans concertation, provoquant moult protestations des juges, avocats, greffiers... Mais tant qu’ils ne bloqueront pas l’appareil judiciaire comme les cheminots ont bloqué les transports, on peut fortement douter qu’ils soient écoutés.
Hier matin, sur France Inter, un journaliste critiquait Hugo Chavez, président du Vénézuela. Il disait en substance : « Hugo Chavez a été élu démocratiquement, mais désormais il souhaite imposer son projet de société sans écouter sa population. La démocratie n’est plus respectée et un début de dictature se profile ». Il m’a semblé, à moi, que ces jours derniers nous ont montré un autre président démocratiquement élu qui veut imposer son modèle de société à marche forcée sans écouter la population…
A la RATP et à la SNCF, les négociations s’ouvrent. Seront-ce de vraies négociations, avec une véritable volonté de la part du gouvernement de trouver un compromis, ou bien n’y aura-t-il que des discussions de façade, tout étant déjà décidé ? Si tel est le cas, il n’est pas impossible que les grèves reprennent en décembre, jusqu’à ce que ce gouvernement apprenne le sens des mots « dialogue » et « concertation ».