Avant le début de la campagne pour les élections européennes, le PCF et le Parti de Gauche (PG) avaient proposé au NPA de le rejoindre dans un Front de Gauche encore à constituer. Le NPA a refusé ; et pour ceux qui veulent déposer un bulletin « à gauche du PS » dans l’urne le 7 juin, il y aura –hélas- un choix à faire. Alors, NPA ou Front de Gauche ?
Les deux programmes sont extrêmement proches. Que ce soit sur les services publics, sur l’écologie, sur le traité de Lisbonne, sur les droits des salariés, sur les questions internationales, on ne trouvera que des différences mineures entre le NPA et le Front de Gauche. Si la différence n’est pas sur le programme, sur quoi peut-on se baser pour faire son choix ?
Le NPA a motivé son refus d’entrer dans le Front de Gauche par le refus du PCF de s’engager dès aujourd’hui à rompre avec le PS lors des élections régionales de 2010. L’argument est hypocrite de la part de quelqu’un qui a appelé en 2007 à voter Ségolène Royal pour battre Nicolas Sarkozy. Ce qui était vrai en 2007 pour la France ne serait plus vrai en 2010 pour la région Poitou-Charentes ? Sans les voix des conseillers généraux et régionaux PCF, de nombreuses régions et départements seraient aujourd’hui gérés par la droite. La question n’est pas de sauver quelques élus et leurs indemnités mais de permettre aux habitants d’une région, d’un département, de bénéficier d’une politique de gauche et surtout de leur permettre de ne pas subir une politique de droite au niveau régional ou départemental.
De plus, chacun peut voir aujourd’hui que tous les militants du Front de Gauche s’inscrivent non pas dans la démarche d’un simple « coup électoral », mais bien dans la recherche d’une unité à long terme de la gauche anticapitaliste. La question de l’unité sera sans doute reposée par le Front de Gauche aux régionales.
Il y a pourtant une différence vraie entre le NPA et le Front de Gauche. Il ne s’agit pas de la finalité, rompre avec le capitalisme, mais du moyen : comment y parvenir ? Le NPA prône le changement, la « révolution » par le mouvement social seul et donc par la grève générale. Les élections ne sont pour lui qu’une « tribune publique » pour faire valoir ses idées. Mais il ne veut pas se mettre en position de responsabilité. Il se refuse à être en mesure de pouvoir appliquer ses idées et de les confronter à la réalité, avec les compromis que cela implique parfois. Le Front de Gauche prône lui le changement par l’union « de la rue et des urnes », par le soutien au mouvement social mais aussi par sa prolongation dans le champ politique. Ainsi, pour faire suite aux journées d’actions intersyndicales, les députés PCF et PG ont déposé à l’Assemblée Nationale trois propositions de lois reprenant les principales revendications syndicales.
Enfin, le Front de Gauche, c’est aussi et surtout la seule véritable ébauche d’unité de la gauche anticapitaliste aujourd’hui. Décrié au début comme une simple alliance électorale entre le PCF et le PG, le Front de Gauche a été rejoint depuis par une partie du NPA (sous le nom de Gauche Unitaire), par une partie du MRC (sous le nom de République et Socialisme), par le MPEP (mouvement pour une éducation populaire) et par la CAP (Convention pour une Alternative Progressiste). C’est encore insuffisant, mais c’est un début de rassemblement qui mérite d’être poursuivi.