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17 novembre 2007 6 17 /11 /novembre /2007 16:07

Je recommande fortement cette pièce  de Fausto Paravidino, mise en scène par Victor Gauthier-Martin qui se joue au Théâtre National de la Colline (Paris) jusqu’au 06 décembre et qui a pour thème principal les manifestations de Gênes en 2001 contre le sommet du G8.

 

 La mise en scène est d’une grande originalité, mais sert avec succès le propos. L’élément le plus marquant en est sans doute l’usage de la vidéo : des images d’archives des manifestations de Gênes sont diffusées en arrière plan. Mais une caméra capte le jeu des acteurs et l’incruste sur ces images. Le spectateur partage ainsi son regard entre l’acteur sur scène et son image incrustée.

 

 Mais c’est surtout le fond de la pièce qui interpelle. Il n’y a pas, ou peu, de personnages à proprement parler. 5 acteurs content les événements de Gênes, interprétant à l’occasion quelques personnages. Le ton de la pièce va crescendo, commençant par les discours alter mondialiste, puis abordant progressivement le douloureux chapitre des violences de Gênes, les premières charges de la police, la mort du manifestant Carlo Giuliani et enfin le passage à tabac des manifestants logés à l’école Diaz encore et toujours par les forces de l’ordre police. Nul besoin de mettre en scène la violence, raconter l’histoire suffit admirablement bien à rappeler l’horreur de ces journées.

 

 On ressort de ce spectacle emprunt d’un certain malaise. On aurait voulu oublier Gênes, la répression sanglante digne d’une dictature d’Amérique du Sud, qui a eu lieu aux premiers jours du XXIème siècle dans un pays de l’Union Européenne. On aurait voulu pouvoir oublier et se dire que notre démocratie nous met à l’abri de telles exactions, que dans notre démocratie, la police est respectueuse de la justice, et que le citoyen, fut-il contestataire a des droits.

Cette pièce vient nous rappeler qu’à Gênes, en 2001, il n’en a rien été. Il n’en a rien été en Italie, dirigé alors par Silvio Berlusconi. Et en sortant du spectacle, on ne peut plus esquiver la question : est-ce que ça pourrait avoir lieu en France ? Quelle différence entre notre police et la police italienne, quelle différence entre Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi. Y’a-t-il tant de différences qu’on puisse se sentir rassuré ? Notre démocratie est-elle donc si fragile qu’elle puisse vaciller du jour au lendemain

 

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