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27 août 2007 1 27 /08 /août /2007 08:00

Le défi des gauches sud-américaines

 

 

            Je recommande fortement la lecture de ce livre, du journaliste Marc Saint-Upéry et publié aux éditions « La Découverte ». Après quatre ans d’enquête se terminant fin 2006, Marc Saint-Upéry analyse en profondeur le « tournant à gauche » de l’Amérique Latine.

 

            En cinq grand chapitres, l’ouvrage analyse le Brésil sous Lula, le Venezuela d’Hugo Chavez, l’Argentine avec Kirchner, la question indigène et le racisme, les relations entre l’Amérique du sud et les Etats-Unis et l’influence grandissante de la chine.      

 

            L’auteur, se définissant comme « de gauche », refuse la partition entre « deux gauches », l’une, révolutionnaire et anticapitaliste représentée par Hugo Chavez, l’autre réformatrice et gestionnaire représentée par Lula. Bien au contraire, il s’attache à replacer chaque politique dans le contexte culturel et historique du pays concerné, à éclairer les liens étroits qui peuvent unir les dirigeants de gauche de l’Amérique latine.

            Il cherche à être aussi objectif que possible, ne cachant pas les difficultés ou les échecs de certaines politiques, mais sachant aussi réfuter nombre de critique de l’opposition, voir même mettre en exergue parfois son rôle contre-productif.

 Pour ne citer qu’un exemple : Dans les missions bolivariennes au Venezuela, des milliers de médecins cubains permettent aux plus pauvres des favelas d’accéder à une santé qui leur était jusqu’à présent inaccessible. Mais ces médecins cubains sont pour la plupart des généralistes dans de petites officines en ville et ne peuvent que renvoyer les cas les plus graves à l’hôpital après les avoir diagnostiqués. Mais il n’y a pratiquement aucune coordination entre l’hôpital publique et les missions bolivariennes, ce qui est parfois la cause de dysfonctionnement aux conséquences dramatiques pour les patients. L’opposition accuse Chavez de délaisser le secteur public au profit de ses amis cubains. Elle a en partie raison, dit l’auteur, l’hôpital public n’étant guère financé à la hauteur des besoins par l’état. Du moins jusqu’au budget 2007 qui semblait y remédier quelque peu. Mais, toujours selon l’auteur, il faut aller plus loin. Au Venezuela, la distinction entre Chaviste et anti-Chaviste prend souvent une allure de lutte de classes et la majorité des médecins se sentent du côté de la bourgeoisie, largement opposée à Chavez. Certes celui-ci court-circuite l’hôpital public, mais c’est en grande partie parce qu’il lui est hostile et mène une politique d’obstruction contre lui. Les débuts du mandat de Chavez ont ainsi été marqué par une grève des médecins demandant à augmenter leurs tarifs, bien au-delà de ce que pouvaient payer les habitants pauvres des favelas. Sa réponse fut l’arrivée de médecins cubains. Rien n’est simple…

 

            Bref, un livre à lire absolument pour ceux qui souhaitent comprendre les évolutions politiques de ce continent.

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