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15 août 2007 3 15 /08 /août /2007 14:29

Mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part (Michel Rocard 1990)

 

                Une douloureuse tragédie, un enfant entre la vie et la mort, relance à sa manière le débat sur l’immigration. Je n’ai –hélas- pas de solution miracle à divulguer sur ce blog, mais je voudrais néanmoins faire part de quelques réflexions.

 

                « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde » est hélas une vérité incontournable. La France compte parmi les pays les plus développés et les plus riches de la planète et son économie lui permet d’absorber une petite partie de la pauvreté et de la misère à ses portes, mais pas la totalité. Dès lors, toute politique d’immigration doit avoir nécessairement des limites. Il faut et il faudra toujours des visas et cartes de séjours pour réguler quelque peu l’afflux de migrants à nos frontières. A mes yeux, cela implique également qu’une « régularisation massive des sans-papiers » ne saurait être une solution : Donner des « papiers » et régulariser ceux qui sont aujourd’hui sur le territoire Français sans changer la politique d’attribution des visas et cartes de séjours n’est pas équitable : ceux qui sont aujourd’hui sur le territoire Français auraient le droit d’y rester sans qu’aucune condition n’y soit posée et ceux qui n’ont pas encore eu la chance d’y pénétrer seraient eux soumis à des conditions draconiennes pour avoir les mêmes droits et papiers. Reconnaître ainsi l’immigration clandestine « de fait » reviendrait également à fermer les yeux sur les filières de cette immigration clandestine y compris les drames comme celui qui vient d’avoir lieu près de Mayotte.

 

                « Mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part » concluait Michel Rocard. La France est l’un des pays les plus riches de la planète, mais cette richesse n’existerait pas s’il n’y avait pas eu avant l’ « Empire Français » et ses colonies, dont les matières premières ont largement contribuées à l’essors économique de la fin du XIXème et du début du XXème siècle en France et en Europe.  Il parait légitime de rendre aujourd’hui une partie de ces richesses aux pays qui les ont produites, par le biais d’aides internationales, mais également en accueillant la population de ses pays qui cherchent soit à étudier pour obtenir les compétences nécessaires au développement de ces pays, soit à travailler pour renvoyer de l’argent au pays, et en tout cas à fuir la misère.

 

                De nombreux pays du « tiers-monde » connaissent la famine, la guerre et ceux qui fuient ces pays ne peuvent être tenus pour responsable de ne pas avoir d’avenir « chez eux ». N’est ce pas la moindre des solidarités que de leur tendre la main et de les accueillir là où ils peuvent avoir un avenir ?

 

                Dès lors, quel juste milieu trouver ? Je ne saurais le dire avec précision, mais je voudrais apporter quelques petits éléments au débat :

 

                Aucune loi ne peut être juste et légitime si elle sépare un enfant de ses parents. La convention européenne des droits de l’homme reconnaît d’ailleurs dans son article 8 le droit à une « vie familiale normale ». Dès lors, je ne saurais m’empêcher d’être révolté lorsqu’un « sans papier » est expulsé de France, laissant son épouse et ses enfants sur notre territoire. Soit ils sont tous « expulsables » et doivent être ensembles expulsés, soit l’un d’entre eux à un droit légitime à être sur notre territoire et la simple humanité doit interdire ce drame qu’est la séparation d’une famille.

 

                Un « sans papier » ne peut prétendre à un travail déclaré, ce qui le condamne de fait au travail « au noir », quand ce n’est pas à une certaine forme de trafics et de délinquances. Et pour obtenir une carte de séjour, un travail stable et régulier est bien souvent une condition nécessaire. Il faut un travail pour avoir des papiers et des papiers pour avoir un travail… Pourtant, si le « sans papier » obtient un travail régulier et déclaré, il n’est plus une charge pour l’économie française, mais bien au contraire une richesse puisqu’il participe à la production du pays et par ses impôts, cotisations chômages, sécurité sociales et autres, au financement de notre société. Dans ces conditions, pourquoi ne pas autoriser l’embauche déclarée de sans papiers, suivie immédiatement de leur régularisation ?

 

                Enfin, l’immigration clandestine alimente en force de travail une économie parallèle de « travail au noir », dans de nombreux secteurs, les plus souvent cités étant le BTP et la restauration. Ce travail clandestin a un coût puisque ni ses travailleurs ni leurs employeurs ne participent au financement de notre société par leurs cotisations sociales. Un angle de lutte contre l’immigration clandestine ne pourrait-il pas être d’’augmenter de manière significative le nombre et les pouvoirs des inspecteurs du travail. Le corps des inspecteurs du travail ne compte qu’à peine un millier d’inspecteur, et peut-être le double de contrôleurs, pour contrôler les centaines de milliers d’entreprises que comptent la France. Ils ne peuvent prétendre à faire appliquer la loi, ce qui serait pourtant le premier pas.

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commentaires

M
The post clearly reflects the situation in France! Immigrants are suffering a lot duet to the complex immigration procedures and all! The government should take some initiative to help people out there!
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C
<br /> are you M. Pingouin (from 2007??)<br /> <br /> <br />  <br />
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J
<br /> <br /> Tout le monde se souvient de la déclaration de Michel Rocard le 3 décembre 1989 sur TF1  dans l’émission d’Anne Sinclair 7/7 :<br /> <br /> <br /> « La France ne peut accueillir toute la misère du monde. »<br /> <br /> <br /> mais vos contempteurs s’empressent de préciser qu’il y aurait une suite volontairement tronquée telle que suit :<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Or voici l’extrait de l’émission tel que diffusé sur TF1. La suite n’existe pas. En recherchant la trace de cette phrase, on apprend qu’elle aurait été prononcée 1 an plus tard devant une<br /> assemblée de la CIMADE. Rue89 dans un article  de 2009 s’est penché sur cette suite<br /> mystérieuse et a pu constater qu’il n’en existait nulle trace audio vidéo, pas plus qu’écrite dans les archives de la CIMADE. Rue89 se fendait même d’un appel aux lecteurs, pour exhumer la trace<br /> d’une telle déclaration; il semblerait que 2 ans plus tard, nul n’ait été en capacité d’en produire la moindre preuve.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> http://www.fdesouche.com/197314-michel-rocard-et-laccueil-de-la-misere-du-monde<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Merci, j'ignorais que c'était un faux. Et c'est dommage, car l'expression est belle.<br /> <br /> <br /> Mais si cela me rend moins sympathique le personnage de Rocard qui ne me l'était pourtant déjà assez peu, cela ne change rien sur le fond.<br /> <br /> <br /> La phrase est belle, elle porte un idéal que je rejoins. Si elle n'est pas de Rocard, je la reprends bien volontier à mon compte avec la bonne conscience de ne pas plagier un socialiste.<br /> <br /> <br /> <br />