Patrick Braouezec a annoncé jeudi 25 mars dans le journal Le Monde qu’il s’apprêtait à quitter le PCF,
estimant désormais impossible de le transformer de l’intérieur.
Je le rejoins sur nombre de ces désaccords avec la direction nationale du PCF :
Patrick Braouezec s’était fortement opposé à la candidature de Pierre Laurent comme tête de liste du Front de Gauche en Ile de France. Je crois aussi que c’était une erreur,
Erreur parc eque la diversité du Front de Gauche pouvait difficilement s’incarner dans le « dauphin » de MG Buffet sans montrer une volonté du PCF de domination de ce Front de Gauche
Erreur surtout parce que Pierre Laurent incarne une ligne politique « d’une seule gauche » allant du NPA au PS, quand je pense qu’il faut faire la distinction entre la gauche « anticapitaliste » et la gauche « social-démocrate ».
Mais plus fondamentalement, Braouezec constate l’échec de ses tentatives de transformer le PCF « de l’intérieur ». Le précédent congrès se voulait ouvrir un grand chantier de transformation du Parti. A trois mois du prochain congrès, ce grand chantier n’a pas encore commencé. Autant dire qu’il n’aura pas lieu. A trois mois du prochain congrès, les débats n’ont pas commencé dans le parti. Autant dire qu’ils seront bâclés et ne permettront pas de sérieuses réflexions sur notre parti.
Tout ceci semble donner raison à Patrick Braouezec.
Mais pourtant, je pense qu’il a tord de quitter le PCF. Contrairement à lui et malgré ce que je viens de dire – je crois qu’il est encore possible de transformer le PCF. Certes, un effort « de l’intérieur » n’y suffira pas. Mais depuis un an, le PCF est au cœur d’un phénomène nouveau : le Front de Gauche. Et ce Front de Gauche transforme le PCF tout autant que le PCF le façonne.
La transformation désirée par les « refondateurs » du PCF n’aura sans doute pas formellement lieu au congrès de juin, ils ont raisons de ne pas y croire. Mais si le PCF fait le choix à ce congrès de juin de s’inscrire durablement dans le Front de Gauche, alors cette transformation aura néanmoins commencé. Le PCF aura pénétré dans un engrenage qui ne saurait que le transformer à terme. S’il ne fallait prendre qu’un exemple, ce serait celle des listes communes PCF – PG – NPA en Limousin, en Languedoc-Roussillon et en Pays de la Loire. L’impensable union du PCF et du NPA a eu lieu dans trois régions françaises. C’est trop peu, mais merci au Front de Gauche, c’est déjà inespéré. Et au-delà du symbole, dans l’une de ces trois régions, le Front de Gauche y fait un score remarquable, prêt de 20%. Cela ne peut pas ne pas marquer l’avenir.
Quitter le PCF à l’heure où le Front de Gauche se créée est donc à mon avis une erreur politique majeure. Au contraire, la vision des « refondateurs » est indispensable pour structurer ce Front de Gauche, lui donner le souffle et l’avenir dont il a besoin.
Nous avons besoin d’un Front de Gauche qui rassemble la gauche anti-capitaliste sans lorgner sur la social-démocratie. Nous avons besoin au sein de ce Front de Gauche d’un PCF qui ne cherche pas à être hégémonique sur la gauche radicale comme le PS peut chercher à l’être sur la gauche social-démocrate. Laisser Pierre Laurent seul à la manœuvre n’est pas la meilleure manière de créer ce Front de Gauche là. La bataille pour créer le Front de Gauche, elle va d’abord se mener au sein du PCF et c’est là qu’il faut être.