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10 janvier 2012 2 10 /01 /janvier /2012 08:37

http://www.lavoixdunord.fr/stories/image460x00/mediastore/VoixEco/phototheque/Transport_et_Logistique/seafrance-manif-brunet10011.jpg

Pour sauver SeaFrance, la CFDT proposait que les salariés reprennent la société en SCOP (Société Coopérative Ouvrière de Production). Problème, les salariés n’ont pas les fonds pour racheter leur entreprise.

 Que proposait le gouvernement ? De faire pression sur la société-mère, la SNCF pour qu’elle verse des indemnités supra-légale à une hauteur telle que les salariés puissent racheter leur entreprise. Ce qui a échoué:

  • Malgré les pressions du gouvernement, la SNCF a proposé de verser des indemnités supra-légales à une hauteur insuffisante pour permettre la reprise de SeaFrance par ses salariés. Elle a privilégié le reclassement des salariés au sein du groupe SNCF.
  • D’autre part, même si cette solution avait été viable pour SeaFrance, elle n’aurait pas été exportable à une société privée. On a vu le peu de capacité de l’Etat à faire pression sur la SNCF dont il est pourtant l’unique actionnaire. Qu’aurait-il pu faire si la société mère de SeaFrance avait été une société privée ou s’il n’y avait pas eu de société mère ? La réponse de l’Etat était circonstancielle, la réponse à chaud à un fait divers et pas une réponse politique sur la manière de gérer un tel type de crise.

Que proposait la CFDT ? Que l’Etat prête à un taux privilégié aux salariés de SeaFrance les fonds nécessaire au rachat de l’entreprise. Ceux-ci auraient ensuite remboursé, sur la base des bénéfices de la société.

Il se trouve que c’est très exactement le programme du Front de Gauche. Il ne s’agit pas d’une réponse à un fait divers, mais bien d’une orientation politique de fond :

  • En cas de liquidation judiciaire d’une entreprise, délocalisation… un droit de préemption pour la reprise par les salariés en SCOP, prioritairement à toute reprise par des actionnaires / entreprises privées.
  • La mise en place d’un organisme public de crédit basé sur la caisse des dépôts et la banque postale, permettant la mise en œuvre de prêt à taux réduit pour les projets socialement utiles, tel que les reprises en SCOP.

Le Front de Gauche au pouvoir, le projet de rachat de SeaFrance par les salariés aurait obtenu l’appui de l’état et les financements nécessaires !

Pour finir, je dirais que le modèle des Scop fonctionne en France. On compte 2 000 Scop, pour 40 000 salariés. Les plus emblématiques sont la société Chèque Déjeuner et la société Acome (1 200 salariés, fabricant de câble et matériel électrique, notamment dans l’automobile). Ce modèle est à développer.

Ajoutons, que ce type de proposition est de nature à lutter contre les plans sociaux, contre les délocalisations, bien mieux qu’une « TVA sociale » qui n’en a que le nom.

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6 janvier 2012 5 06 /01 /janvier /2012 14:24

http://t1.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcS38coNdapScxFVOS9y5n-L5jdeenqBByA0IKtCT7lHhlcj9AQ1Dans ses vœux aux français, Nicolas Sarkozy a relancé sa proposition – mal nommée- de « TVA sociale ».

Selon le président de la République, « Il faut alléger la pression sur le travail et faire contribuer financièrement les importations qui font concurrence à nos produits avec de la main d’œuvre à bon marché ».

La phrase paraît alléchante. Mais les explications de textes des membres du gouvernement font rapidement déchanter : il s’agirait d’une augmentation généralisée de la TVA pour financer une baisse généralisée des charges patronales.

Un faux prétexte :

Une telle augmentation de la TVA s’appliquerait tout autant aux produits importés qu’aux produits nationaux. Les produits nationaux ne gagneraient aucun avantage compétitif par rapport aux produits importés.

Par ailleurs, on peut supposer qu’une large part de cette augmentation se répercutera d’abord sur les prix aux consommateurs et non pas sur les marges des entreprises. Ce ne sont donc pas les entreprises, qu’elles soient étrangères « avec de la main d’œuvre à bon marché » ou française qui contribueront financièrement à la protection sociale. Mais bien les consommateurs, les salariés.

Par ailleurs, il faut rappeler que le SMIC en Chine est aux environs de 150 €. Aucune politique de réduction de charge ne parviendra jamais à rendre la main d’œuvre française « bon marché » comparativement à la Chine.

D’autres part, la France pratique les réductions de charges sociales depuis des décennies. Elles atteignent désormais 32 milliards d’Euros. Le chômage n’a cependant pas notablement baissé sous leurs effets depuis 20 ans. Sous l’effet de la crise, et malgré des allègements de charge conséquents, le chômage est même particulièrement élevé depuis 2008. Qui peut croire qu’une énième réduction de charge aura un effet supérieur à toutes celles déjà consentie ? La Cour des Comptes elle-même, dans plusieurs rapports, dénoncent le manque de lisibilité de ces réductions et son incapacité à en mesurer les effets.

Une mesure pénalisante pour l’économie.

De nombreux économistes et par exemple le président de Natixis Patrick Artus estiment que la consommation est le principal moteur de la croissance française déjà atone. Pénaliser la croissance est donc aujourd’hui la dernière chose à faire économiquement si on veut éviter que le pays n’entre en récession.

En 2004 déjà, alors que Nicolas Sarkozy était ministre du budget, une étude de Bercy déconseillait la mise en place d’une telle TVA sociale, au motif qu’elle aurait sans doute un impact négatif sur la croissance pour cette même raison. Les conditions économiques ont bien sûr changé depuis 2004 ; mais sans doute en ce sens que la consommation intérieure est encore plus vitale pour l’économie aujourd’hui qu’à l’époque et qu’il faut encore moins y toucher.

D’ailleurs, l’augmentation de la TVA est l’une des nombreuses mesures d’austérité prise en Grèce, qui ont conduit le pays à être plongé dans une profonde récession.

Un vrai cadeau au patronat.

Ce projet est par contre un véritable cadeau au patronat. Il s’agit ni plus ni moins que d’une mesure visant à faire transférer une part du coût de la protection sociale du patronat vers les salariés. Tandis que les charges patronales baissent, les impôts des salariés augmentent (via la TVA)

[Faut-il rappeler que la TVA est l’impôt le plus inégalitaire qu’il soit. Les 10% de ménage les plus pauvres consacrent 8% de leurs revenus à la TVA, les 10% les plus riches en consacrent 3.4% (Ils peuvent épargner une partie de leurs revenus, dès lors non soumis à la TVA). La TVA est un impôt qui pèse plus lourdement sur le smicard que sur le millionnaire…]

La TVA sociale est un ancien projet de l’UMP. Il fut même évoqué entre les deux tours des législatives de 2007. Fortement impopulaire, elle est restée au placard durant toute le quinquennat. En la ressortant maintenant, le gouvernement utilise la crise comme prétexte pour faire accepter ses positions les plus libérales, en espérant que le contexte de précarité croissante diminue les capacités de résistance des salariés à une mesure qui les pénalise directement.

Les propositions du Front de Gauche

Le Front de Gauche a quant à lui ses propositions pour renforcer les industries nationales et européennes. Il s’agirait d’un protectionnisme « social et écologique » :

A l’entrée de l’UE, les produits importés seraient taxés selon :

  • Le « coût carbone » de leur voyage jusqu’aux frontières de l’UE,
  • L’état des droits sociaux, le « coût du travail » dans le pays producteur.

Une telle mesure donnerait un avantage compétitif aux entreprises européennes sur les entreprises étrangères, diminuerait les pollutions dues au transport international de marchandises et ce, sans pénaliser le pouvoir d’achat des salariés européens.

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11 octobre 2011 2 11 /10 /octobre /2011 14:27

Montebourg.pngLe score surprise d'Arnaud Montebourd aux primaires socialistes, 17% alors qu'il était crédité de 5% à 10% des intentions de vote ne doit pas être considéré comme une percée de la gauche du parti socialiste.

Certes, les instituts de sondages se sont, une fois de plus, magistralement plantés. Si ce sont les mêmes sondeurs qui évaluent actuellement le candidat du Front de Gauche Jean-Luc Mélenchon entrent 6% et 10%, cela peut rendre optimiste sur la popularité réelle du principal candidat de la gauche anticapitaliste.

Mais concernant le rapport des forces au sein du PS, il n'y a pas de quoi pavoiser. Au congrès de Reims de 2008, la motion D, "un monde d'avance" avec pour premier signataire Benoit Hamon et parmi les autres signataires Jean-Luc Mélenchon faisait 18.5% des voix. Score auquel on peut ajouter les 1.25% de la motion F, "socialiste, altermondialiste, écologiste" pour avoir une idée du rapport de force de la gauche du PS en 2008.

A la vue de ce score, Jean-Luc Mélenchon et Marc Dolez quittent de manière fracassante le PS pour fonder le PG, estimant que ce rapport de force, à peine 20% pour la gauche du PS, ne permettait plus de contrecarrer la dérive droitière de ce parti.

Force est de constaté que même si la base électorale a changé entre les deux consultations, le rapport de force n'a pas évolué en faveur de la gauche du PS. Bien au contraire, une partie (à mesurer) des voix de Montebourg en 2011 proviennent de sympathisants du Front de Gauche ayant participé aux primaires socialistes. L'influence réelle de Montebourg parmi les sympathisants socialistes est donc sans doute encore inférieure.

Deplus, il faut rappeler que la gauche anticapitaliste a fait 9.0% de 37.3 millions de votants, ce qui fait bien plus que les 17.5% de 2.7 millions de votants de Montebourg aux primaires de 2011. Et encore, il s'agissait d'un score historiquement faible de la gauche anticapitaliste.

Bref, la gauche du PS ne ressort en aucun cas renforcé de ce scrutin. Et Arnaud Montebourg va rapidement se rendre compte que ses 17% des voix ne font pas de lui un véritable "troisième homme" : une fois qu'il y'aura un vainqueur entre Aubry et Hollande, les 70% d'électeurs aux primaires socialistes de ces deux candidats se rabibocheront bien vite et renverront dans les cordes les 17% de Montebourg : il y'a bien plus de proximité idéologique entre Aubry et Hollande qu'entre l'un des deux et Montebourg. 

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26 septembre 2011 1 26 /09 /septembre /2011 17:20

http://www.pcf.fr/sites/default/files/imagecache/image/senat-palais-du-luxembourg_96.jpgLe Sénat est passé à gauche. On doit évidemment s’en réjouir. Mais… la gauche anticapitaliste en sort-elle renforcée ? Pas sûr.

 D’abord, il faut se réjouir, bien sûr.

 La droite a perdue une nouvelle élection, ce qui traduit une fois de plus qu’elle a le soutien d’une partie chaque jour plus réduite de l’opinion. Néanmoins, il faut relativiser cette assertion de par la nature de cette élection - indirecte. Certes, un plus grand nombre de grands électeurs de gauche est la conséquence directe des victoires de la gauche aux dernières élections municipales, régionales et cantonales.

Néanmoins, 95% des grands électeurs sont les représentants des conseils municipaux. Et parmi eux, un nombre important représente des petites communes rurales. Ils ne sont que rarement affiliés à un parti politique. Ces électeurs sont réputés votés traditionnellement à droite. Ils l’ont fait en nombre bien moins important qu’avant, tant pour la liste officielle de l’UMP que pour les listes de droite dissidentes.

Une nouvelle classe sociale, les élus ruraux, a donc pour partie lâché le gouvernement de droite. On ne peut que s’en réjouir, même si cette classe sociale ne représente pas, loin s’en faut, la majorité du pays.

 

Ensuite, le basculement à gauche du Sénat va vraisemblablement permettre de limiter quelques peu les dégâts que peu encore causer le gouvernement Sarkozy – Fillon d’ici aux élections présidentielles et législatives.

Même si dans la Vème république, l’Assemblée Nationale a toujours le dernier mot, un sénat de gauche pourra au moins freiner le rythme d’adoption des réformes régressives du gouvernement de droite.

Il faut néanmoins rester prudent. La majorité de gauche au sénat ne tient qu’à un fil. Et qui peut dire combien de sénateurs PS ou Radicaux de Gauche partagent les idées de « réalisme économique » d’Emmanuel Valls ou autre et pourraient se retrouver avec la droite sur certains thèmes ?

 

Un point essentiel cependant : la victoire de la gauche est pour une grande partie attribuée au mécontentement des élus locaux vis-à-vis de la réforme territoriale imposée au forceps par la droite. Le PS n’a jamais clairement indiqué jusqu’à quel point il comptait remettre en cause cette réforme. On peut avoir un bon espoir que ce vote des grands électeurs fasse pression sur le PS pour qu’il abroge totalement la réforme territoriale et notamment la partie supprimant les conseillers généraux et faisant des départements de simples extensions des régions.

 Mais…

 Mais, la victoire de la gauche au Sénat ne retire rien au statut « d’anomalie » du Sénat. Le sénat reste une assemblée élue au suffrage indirect, peu représentative de la population. Le Front de Gauche milite pour son abrogation dans le cadre d’une nouvelle constitution, cela reste toujours d’actualité.

 L’anomalie qu’est le Sénat a d’ailleurs fait de cette élection un modèle d’arrangements électoraux. Arrangements dont le Front de Gauche a d’ailleurs fait les frais. Tandis que la gauche gagnait globalement 26 sénateurs, dont 6 pour les Verts Europe-Ecologie, le PCF perdait 1 sénateur sur 16 en lice et le PG perdait 2 sénateurs sur 2 !

Le Parti Socialiste s’est une fois de plus comporté comme la formation hégémonique à gauche, choisissant de faire monter son allié Vert – Europe Ecologie. Il en a profité pour se venger de ceux qui lui ont fait défection pour fonder le Parti de Gauche. Le PS a ainsi refusé la présence du Parti de Gauche sur toutes les listes d’unions de la gauche. Cela augure – mal – de la suite.

Le PCF a quant à lui renoué avec ses vieux démons. Il a préféré une alliance électorale de circonstance avec le PS en trahissant son allié du PG pour « sauver les meubles ». Le pire est qu’il n’a même pas réussit ! Dans un contexte de forte progression de la gauche, le PCF a réussit à négocier un accord électoral qui lui a fait perdre 2 sièges pour n’en gagner qu’un ! Ce score est d’ailleurs en total désaccord avec les récents résultats électoraux des cantonales qui placent le Front de Gauche comme deuxième formation de la gauche, devant les Verts – Europe Ecologie.

 Bref, si la gauche social-démocrate a sans doute d’excellente raison de se réjouir de sa conquête du sénat ; la gauche anticapitaliste ferait mieux d’être plus circonspecte.

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24 septembre 2011 6 24 /09 /septembre /2011 22:44

http://www.lepoint.fr/images/2011/09/21/cope-397569-jpg_261846.JPGLe dernier opus du feuilleton "l'UMP chasse les voix du FN pour 2012" vaut son pesant d'or avec le "serment d'allégeance aux armes" apparu dans le projet de l'UMP et défendu par son secrétaire général, M. Copé. Le pire étant qu'il ne s'agit même pas d'un "ballon d'essai" issu des députés les plus réactionnaires de la droite populaire, mais bien d'une proposition à ajouter dans le programme de l'UMP pour 2012 par son secrétaire général.

Proposition absurde s'il en est ! 

Absurde car inapplicable :Comment pourrait se matérialiser le respect d'un tel serment dans un pays ayant renonncé au service militaire il y'a plus de 10 ans ? Qu'adviendrait-il des jeunes majeurs refusant de prêter un tel serment ? Et ils risquent d'être nombreux. On voit mal la république française remplir ses prisons d'objecteurs de conscience au XXIème siècle. Non, la seule véritable application de ce serment serait de forcer tous les candidats à la naturalisation à prêter un tel serment, sous peine de se voir refuser la nationalité. Une mesure discriminatoire et raciste, ça ne peut être rien d'autre !

Il paraît nécessaire de rappeler qu'à l'époque du service militaire obligatoire, un français avait le droit de refuser de servir sa patrie par les armes. Il demandait alors à être objecteur de conscience, et n'en encourait aucune peine de prison (mais un service civil rallongé). La France du XXIème siècle serait-elle moins respecteuse de la liberté de pensée et de l'idéal pacifiste que celle du XXème siècle ?

Et si ce serment d'allégeance aux armes avait été en vigueur en 1914, M. Copé aurait il envoyé Jaurès en prison pour s'être opposer à la première guerre mondiale ? Ou bien se serait-il contenter d'applaudir ceux qui l'ont assassiné ? Dans les années 50, aurait-il fait interdire le parti communiste qui s'opposait à la guerre d'Algérie ?

Et aujourd'hui, au nom de l'allégeance aux armes, faudrait-il taire nos critiques sur l'engagement de la France en Afghanistan, en Libye ? Il est vrai que l'UMP refuse tout débat à l'assemblée nationale sur l'Afghanistan.

Dans une démocratie, chacun est libre d'exprimer son opinion. Y compris quand il s'agit de dire qu'il refusera de soutenir son pays par les armes quand il se fourvoie dans une guerre injuste !

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21 mars 2011 1 21 /03 /mars /2011 23:25

http://www.leparisien.fr/images/2011/03/21/1370046_1_640x280.JPGEn Val-de-Marne, l’un des deux départements communistes (avec l’Allier), le Parti Socialiste et les Verts Europe-Ecologie avaient passé un accord dans le but de prendre la présidence du département aux communistes. A l’issu du 1er tour, le Front de Gauche sort renforcés et la majorité communiste pratiquement certaine d’être préservée.

 Dans les 10 cantons où le PCF avait des élus sortants, il est en tête de la gauche au soir du 1er tour (Bonneuil, Champigny-Centre, Chevilly-Larue, Choisy-le-Roi, Fontenay-Est, Ivry-Est, Ivry-Ouest, Villejuif-Est, Villejuif-Ouest, Valenton) . Le PCF est également en tête de la gauche dans un canton où un socialiste était sortant (Villeneuve Saint-George) et en mesure de se maintenir au 2ème tour à Arceuil face aux Verts – Europe Ecologie.

 Au 2ème tour, le Front de Gauche affrontera le FN dans 5 cantons (Bonneuil, Champigny-centre, Choisy-le-Roi, Valenton et Villeneuve St George) où la victoire du Front de Gauche paraît pratiquement certaine.

Des duels Front de Gauche / Vert Europe-Ecologie sont possibles dans 4 cantons (Arceuil, Fontenay, Ivry-Est, Villejuif-Ouest). Des négociations sont en cours, mais immédiatement après les résultats, les Verts avaient annoncés qu’ils se maintiendraient en pareil cas. Si cela se confirme, le Front de Gauche est quasiment assuré de la victoire à Fonteney et Ivry Est et les Verts – Europe Ecologie à Arceuil. Les enjeux sont plus serrés à Villejuif-Ouest où beaucoup dépendra du comportement des électeurs de droite.

Des duels Front de Gauche / PS sont également possibles dans 3 cantons (Chevilly,  Ivry Ouest, Villejuif-Est). A priori, des accords devraient amener au désistement du PS dans ces 3 cantons, le Front de Gauche étant à chaque fois en tête. Si cela venait à ne pas être le cas, à Ivry-Ouest, le Front de Gauche est assuré de la victoire, tandis qu’il a une courte avance à Villejuif Est et Chevilly. Là encore, beaucoup dépendra du comportement des électeurs de droite.

Il n’y aura aucun duel Front de Gauche / UMP.

 Si le 1er tour est donc une large victoire du Front de Gauche, des incertitudes demeurent pour le 2ème tour s’il n’y a pas d’accords à gauche. La réélection des conseillers communistes à Villejuif-Est et Villejuif-Ouest, et à Chevilly n’est ainsi pas assurée et dépendrait des électeurs de droite. Par contre, le Front de Gauche est pratiquement assuré de gagner un siège à Villeneuve St George, face au FN.

 Néanmoins, malgré ces quelques incertitudes, le Front de Gauche sort clairement renforcé en Val-de-Marne.

 Cela démontre l’efficacité des élus communistes de terrain dans notre département, dont la gestion a été récompensée. On remarque que lorsqu’il n’y a pas de campagne nationale et télévisée où les grands partis sont surreprésentés dans les médias, le Front de Gauche est le gagnant des campagnes de terrain. Le seul parti à avoir bénéficié d’une bonne couverture médiatique fut le FN qui a fortement grimpé, tandis que sans couverture médiatique, les Verts – Europe Ecologie font un résultat très en dessous de leurs précédents scores.

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21 mars 2011 1 21 /03 /mars /2011 23:14

 

http://humanite.fr/sites/default/files/imagecache/une_article_horizontal/charlibye.jpgDans la « gauche de la gauche », de très nombreuses voix s’élèvent contre l’intervention militaire en Lybie. Ils ont tord.

 Oui, les exemples récents d’interventions militaires occidentales dans des pays musulmans, l’Irak et l’Afghanistan peuvent susciter un doute légitime sur les motivations et les conséquences d’une intervention occidentale.

 Mais s’il n’y avait pas eu d’intervention militaire, il n’y a aucun doute quant aux conséquences : un nouveau Srebrenica, un nouveau Guernica. Pouvait-on en bonne conscience « laisser-faire » et regarder le peuple libyen se faire massacrer en direct sur TF1 ?

 Guernica, Srebrenica, je ne choisis pas mes exemples au hasard. Guernica, est le symbole de la conséquence de la politique de « non-intervention » des pays démocratiques dans la guerre civile Espagnole. Massacre de civils, victoires de Franco, établissement d’une dictature : Voilà où mena la non-intervention. A Srebrenica, les casques bleus présent sur place furent impuissants à empêcher le massacre des Musulmans Bosniaques par les milices Serbes. Deux exemples passés qui montrent qu’on ne peut pas toujours « laisser-faire », que la passiveté des démocraties occidentales à souvent permis à des fous sanguinaires de perpétrer des crimes de masse et que le recours à la force est parfois légitime.

 Donc oui, il fallait agir. Mais agir en tirant les conséquences des erreurs du passé.

 Etait-ce aux pays arabes d’intervenir ? L’idée est belle, mais quels pays arabe? A Bahrein, en Syrie, au Yemen, la police et l’armée font feu sur les manifestants. L’Arabie Saoudite est même allée jusqu’à prêter main forte au Bahrein, comme naguère les chars russes entrèrent dans Gdansk pour écraser la révolte polonaise. Les généraux Egyptiens et Tunisiens furent nommés par Moubarak et Ben Ali. Ils ont refusés de tirer sur leur peuple, mais cela ne les transforme pas en héros de la démocratie pour autant…

 Des troupes « au sol » semblent exclues. Les invasions de l’Irak et de l’Afghanistan ont démontré qu’on n’importe pas la démocratie dans les bagages d’une armée d’occupation étrangère.

 C’est aux révolutionnaires lybiens de renverser Kadhafi, certes. Mais les évènements récents ont démontré que – seuls – ils ne pouvaient le faire. Il faut les aider, sans intervenir au sol, sans donner l’impression d’occuper le pays, mais de manière efficace. Il ne reste guère que la conjonction des bombardements aériens et la livraison d’armes.

 Soyons lucide sur la suite.

 Renverser Kadhafi serait un début, et non une fin. Bien des questions restent posées :

 Le Conseil National de Transition est autoproclamé, dirigé par un ancien ministre de Kadhafi. Il n’est en rien garant d’une transition démocratique et il est possible que certains essayent de confisquer la révolution libyenne à leur profit.

 Les USA, la France et autres pays agissent forcement par intérêt. Vraisemblablement essaieront-ils de favoriser la mise en place d’un gouvernement sensible à leurs intérêts économiques.

 Oui, tout cela est possible. Oui, la révolution libyenne, même victorieuse de Kadhafi pourrait tourner court. Mais faut-il pour cela laisser échouer la révolution et vaincre Kadhafi ? Assurément non.

 Et n’oublions pas que pendant que le monde occidental se rachète une conscience en Lybie, la police et l’arme tue en Syrie, à Bahrein, au Yemen. Il ne faut pas l’oublier, il faut le dénoncer. Soyons sans illusion quant à notre propre gouvernement. En berne dans les sondages, Sarkozy doit faire oublier ses erreurs en Egypte et en Tunisie ; Juppé a une revanche à prendre sur le monde politique et une stature d’homme d’état, d’authentique Gaulliste à regagner.

 Mais enfin, gardons un espoir. Un peuple a pris les armes pour se libérer d’un tyran. Peut-être saura-t-il également triompher de ceux qui voudraient lui voler sa révolution, potentat locaux ou puissances étrangères. Au moins, donnons-lui sa chance plutôt qu’une mort sous les bombes.

 

 

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28 août 2010 6 28 /08 /août /2010 14:04

http://www.choisyleroi.fr/var/ezflow_site/storage/images/la-ville/news/roms-les-presidents-des-trois-groupes-de-la-majorite-departementale-du-conseil-general-s-adressent-au-prefet/30908-1-fre-FR/Roms-les-Presidents-des-trois-groupes-de-la-majorite-departementale-du-Conseil-general-s-adressent-au-Prefet_large.jpgLes tragiques évènements de Saint Aignan le 18 juillet [1] ont ramené la question des « Roms » au premier plan de l’actualité. Ainsi, le 28 juillet, le gouvernement  tenait une réunion spécifique sur les « gens du voyage », ou plus exactement sur l’insécurité liés aux « gens du voyage »[2]. Réunion très inquiétante car on voit se profiler l’ombre d’une désignation « ethnique » d’une partie de la population comme posant un problème particulier de sécurité à l’ordre public. Désignation ethnique qui inquiète dans le monde entier, l’ONU, l’Union Européenne ou le Pape par exemple. Il est vrai que l’histoire nous a enseigné jusqu’où ce genre de thème peut dériver.

Mais pour aborder ce débat avec toutes les clés en main, encore faut-il savoir de quoi on parle. Rom, Tzigane, Gens du Voyage… Quezako ?

Terminologie :

Les Rom, au sens des Nations Unis et de l’Union Romani Internationale

Au sens des Nations Unis et de l’Union Romani Internationale, le terme Rom définit un ensemble de population qui a émigré de l’Inde vers l’Europe au XVème siècle. Ces populations sont d’abord apparu en Europe de l’Est puis se sont progressivement dispersées dans toute l’Europe.

Au fil de 5 siècles d’histoire européenne, la culture Rom s’est divisée en sous - cultures locales, au gré des interactions avec les cultures et les pouvoirs locaux, prenant au passage divers appellations : bohémiens, manouches, tsiganes, gitans …

Les différentes sous-cultures Rom sont extrêmement variées, au point que certains ne se reconnaissent plus dans le nom de Roms. C’est notamment cas pour certains gitans espagnols. Il est important de noter que le nomadisme n’est pas un élément culturel Rom. A l’origine, population nomade parce que migrante fuyant leur pays d’origine, les Roms se sont sédentarisés en En Europe de l’Est dès leur arrivée. S’ils sont devenus nomades en France ou en Espagne, c’est plus du fait des législations locales leur interdisant de s’établir que par culture propre. La contrainte est cependant devenue mode de vie au fil des siècles. Néanmoins, au fil des siècles également, de nombreux nomades se sont sédentarisés au fur et à mesure que les législations locales les y autorisaient.

Tzigane et Rom, en France.

Subtilité de la langue française, le terme officiel français pour désigner les Roms au sens des Nations Unis est le terme « Tsigane ». En France, le mot Rom désigne le plus souvent les Roms originaire d’Europe de l’Est et non pas l’ensemble de la communauté Rom au sens international du terme ; ce qui peut être source de confusion.

Les premiers tsiganes arrivent en France en 1419. La population tsigane de nationalité française est estimée aujourd’hui entre 0.5 millions  et 1.2 millions de personnes (la loi interdisant toute statistique ethnique, il n’y a pas de chiffre officiel), soit environs 1% de la population française. La grande majorité sont sédentarisés (cf. ci-dessous) [3]

La population d’immigrée Rom originaire d’Europe de l’Est est estimée à environs 15 000 personnes. Les Roms originaire d’Europe de l’Est ne sont culturellement pas nomades. Mais en tant qu’immigrés économiques, vivent souvent dans une grande misère, dans des bidonvilles en bordure des grandes agglomérations. La caravane étant de fait un logement bon marché, certains habitent dans des caravanes pour des raisons économiques et non culturelles.

Gens du voyage, en France

La loi française interdit de classifier la population en groupe ethnique. La définition administrative des gens du voyage est donc celle de personnes ayant pour habitation principale une habitation mobile, type camping car, caravane, mobile home. Le terme gens du voyage regroupe donc les tziganes non sédentarisé, ainsi que toute personne ayant un mode de vie nomade, les forains, certains travailleurs saisonniers, etc…

Il y’aurait environs 120 000 « gens du voyage » en France, tsigane ou non

Les gens du voyage sont soumis à une législation spécifique [4], [5] (cf. plus bas).

Contexte juridique des gens du voyage :

Le statut des gens du voyage est défini par la loi 69-3 du 3 janvier 2010 [4].

Cette loi impose aux gens du voyage, de nationalité française ou européenne, de disposer d’un carnet de circulation, devant être visé tous les 3 mois par les autorités administratives. A défaut, ils encourent une peine de prison de 3 mois à 1 an, ainsi qu’une forte amende. Si la peine de prison peut sembler excessive, que l’Etat connaisse le domicile de tout citoyen français, sédentaire ou non, ne paraît pas excessif, à minima pour recevoir un avis d’imposition ou des contraventions…

Les gens du voyage doivent désigner une commune administrative de rattachement. Le préfet prononce le rattachement après avis motivé du maire ; ce qui signifie qu’un maire peut demander à refuser le rattachement de gens du voyage sur sa commune, et le préfet peut imposer le rattachement dans une autre commune.

Par dérogation au droit standard, le droit de vote est acquis après 3 ans de rattachement ininterrompu à la commune, et non 6 mois pour quiconque dispose d’un logement fixe. Cet aspect est jugé discriminatoire, par la HALDE [5]

L’accueil des gens du voyage est défini par la loi du 5 janvier 2000 [6].

Toute commune de plus de 5 000 habitants doit réaliser une aire d’accueil pour gens du voyage, ou contribuer au financement d’une telle aire d’accueil dans le cadre d’une intercommunalité.

Le préfet doit mettre en place un schéma départemental d’accueil évaluant les besoins (scolarité, accès aux soins, activité économique) et définissant les moyens d’y répondre.

En cas de non application par les communes de plus de 5000 habitants du schéma départemental dans un délais de 2 ans, (reporté à 4 ans si la commune montre une intension de l’appliquer), le préfet est fondé à appliquer de lui-même le schéma (préempter le terrain et faire construire l’aire d’accueil. De fait, 10 ans après sa promulgation, seule la moitié des aires d’accueil ont été réalisées. La France a ainsi fait l’objet d’une condamnation symbolique par le Comité des Ministres Européens du 30 juin 2010 [7]

 

[1] Une gendarmerie attaquée à la hache dans le Loir et Cher (Le Monde 18/07/10)

[2] Hortefeux entend démanteler les camps illégaux de gens du voyage. (LeMonde 28/07/10)

[3] Roms (Wikipedia)

[4] Loi n°69-3 du 3 janvier 1969 relative à l'exercice des activités ambulantes et au régime applicable aux personnes circulant en France sans domicile ni résidence fixe (Légifrance)

[5] Délibération n°2007-372 du 17 décembre 2007 (La Halde)

[6] Loi n°2000-614 du 5 juillet 2000 relative à l'accueil et à l'habitat des gens du voyage (Légifrance)

[7] Résolution CM/ResChS(2010)5 (Comité des ministres Européens)

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13 juillet 2010 2 13 /07 /juillet /2010 13:51

http://bellaciao.org/fr/IMG/jpg/woerth.jpg

Soupçonné dans l’affaire Bétancourt, Eric Woerth doit-il démissionner ?

 

Selon ses soutiens à droite, certainement pas, car tant qu’il n’a pas été déclaré coupable, il est présumé innocent. D'autant plus quand un rapport de l'IGF vient l'innocenter.

 

Le hasard veut qu’au même moment, ont été jugé 5 jeunes gens pour avoir tiré sur les forces de police durant les émeutes de Villiers le Bel en 2007. Depuis 2007, ces présumés innocents sont en prison préventive dans l’attente de leur procès.

Quand on est jeune à Villiers le Bel, on est présumé innocent en prison, quand est ministre, on est présumé innocent à son bureau.

Est-ce utile d’en dire plus ?

 

La détention provisoire est nécessaire pour s’assurer que l’accusé se présente à son procès, ou protéger la sécurité publique. Elle se justifie dans de nombreux cas. Cependant, s’il n’est nullement nécessaire de mettre Eric Woerth en détention provisoire pour s’assurer de sa présentation à son procès ou pour protéger la sécurité publique, la même logique voudrait que soupçonné et présumé innocent, Eric Woerth ne soit plus en mesure de reproduire les délits dont il est soupçonné. En clair, qu’il démissionne de son poste de ministre. A l’aune des dizaines de milliers de français en préventive, ce serait un minimum.

 

La faute est-elle d’avoir céder à un conflit d’intérêt, ou bien de ne pas avoir vu le conflit d’intérêt ?

 

Eric Woerth a été dans une double situation de conflit d’intérêt :

Ministre du budget, sa femme est gestionnaire de la fortune de la femme la plus riche de France,

Ministre du budget, il est trésorier de l’UMP. Et à ce titre, entretient des relations publiques de premier niveau avec les plus riches donateurs de l’UMP, qui sont également parmi les plus important contribuables et les plus importants bénéficiaires du bouclier fiscal.

Dans l’un ou l’autre cas, il y’a un manifeste conflit d’intérêt.

 

Eric Woerth a-t-il cédé au conflit d’intérêt ? Ce n’est pas la question.

La question est : comment Nicolas Sarkozy et François Fillon ont-il pu le nommer à ce poste, et comment Eric Woerth a-t-il pu accepter un poste qui le mettrait dans un tel conflit d’intérêt ?

Ne pas l’avoir fait démontre à minima une classe politique qui a perdu la notion du conflit d’intérêt, et pour qui tout est possible, sans se poser de question.

Le simple fait d’avoir accepté le poste, sans démission de son poste de trésorier de l’UMP, sans demander à sa femme de démissionner de son poste de gestionnaire de la fortune de Mme Bétancourt, est une faute qui nécessite à minima la démission.

Eric Woerth vient d'annoncer qu'il va démissionner de son poste de trésorier de l'UMP. Quelle bronca médiatique il aura fallu pour qu'Eric Woerth et au delà de lui, les députés et le gouvernement UMP reconnaisse que'il faut quelques limites au mélange des genres ! C'est peut-être cela le pire, in fine .

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11 mai 2010 2 11 /05 /mai /2010 13:39

http://img.over-blog.com/312x176/1/94/91/98/Article/GreceLutte.jpg1°/ Retour sur un plan d’aide pas si généreux que ça.

 

La Grèce va donc bénéficier d’un plan d’aide de l’UE sous forme de prêts de chacun des Etats membres. Le montant de ce prêt est 110 milliards d’euros sur 3 ans dont 80 milliards auprès de l’UE et 30 milliards auprès du FMI. Concernant la France, cette aide sera de 16.8 milliards d’euros en 3 ans, dont 3.8 milliards en 2010. Il s’agit de prêts à taux fixe, à 5%.[1]  Ces prêts serviront à refinancer la dette grecque, c'est-à-dire à lui permettre d’emprunter pour payer des dettes arrivées à échéance En effet, si la Grèce devait se refinancer sur les marchés financiers, elle ne se verrait proposer que des emprunts à un taux d’intérêt prohibitif, allant de 8% à 11% sur 10 ans selon les variations du marché [2], taux qui risquent de monter encore si la situation financière grecque continue de se dégrader. On note au passage que l’Etat Grec emprunte aujourd’hui sur 10 ans à un taux entre deux et trois fois supérieur à celui d’un particulier français.

 

De loin, le mécanisme d’aide semble donc démontrer la solidarité de l’UE envers un de ses pays membre. En y regardant de plus près, la réalité est cependant toute autre :

 

La France prête à la Grèce à un taux de 5%, une somme qu’elle emprunte elle-même aux banques commerciales à un taux avoisinant les 3.5%. De plus, les banques commerciales pourront elles-mêmes être amenées à emprunter une partie de cette somme à la Banque Centrale Européenne si elles ne disposent pas de la réserve obligatoire correspondante (cf. plus bas).

Les 3.8 milliards d’euros de prêt, en 2010, de la France coûteront 190 millions d’euros par an en intérêt à la Grèce, répartis comme suit : 57 millions pour l’Etat Français, 135 millions pour les banques auquel il faut éventuellement retrancher les intérêts d’un éventuel refinancement de la banque auprès de la banque centrale (au maximum 760 k€). Notons que si pour les Banques, il s’agit d’un prêt à un taux relativement bas (prêt à un état offrant toutes les garanties) et donc correspond à une marge assez faible, pour l’Etat Français, il s’agit d’un simple jeu d’écriture. Les intérêts pour l’Etat Français sont donc directement une marge venant alimenter les caisses de l’Etat.

Si on extrapole, aux 80 milliards d’euros prêtés par l’UE sur 3 ans, on parvient à des intérêts de 1.5 milliards d’Euros, répartis en 450 millions pour les Etats membres et 1,05 milliards pour les Banques (toujours moins un éventuel refinancement auprès de la BCE, au maximum 16 millions d’€) (NB : ce calcul part du principe que tous les Etats empruntent dans des conditions aussi favorables que la France, ce qui n’est pas le cas).

 

2°/La vraie solidarité européenne : un prêt de la Banque Centrale Européenne

 

Compte tenu de la situation de crise que vit la Grèce, la BCE pourrait prêter directement à la Grèce, à son taux directeur sur 10 ans de 1%  fortement inférieur aux taux des prêts actuellement consentis à la Grèce. C’est une solution simple, efficace et directe, proposée notamment par le PCF et le Parti de Gauche [3].

 

3°/ La planche à billet, les banques, et le Traité Fonctionnel de l’Union Européenne

 

http://img.over-blog.com/300x173/1/94/91/98/Article/Grece.pngCette solution simple serait possible dans d’autres pays. La FED, équivalant américain de la BCE, est ainsi autorisée à prête à des Etats, y compris les USA. Mais en Europe, le traité de Maastricht interdit explicitement cet usage : «  il est interdit à la Banque centrale européenne et aux banques centrales des États membres […] d'accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions, organes ou organismes de l'Union […] ou des États membres; l'acquisition directe, auprès d'eux, par la Banque centrale européenne ou les banques centrales nationales, des instruments de leur dette est également interdite »[4]

 

Dans le monde entier, le recours à un emprunt auprès d’une banque centrale est fortement réglementé. En effet, emprunter auprès d’une banque centrale, c’est une façon élégante de dire qu’un état va créer de la monnaie, qu’il va « faire tourner la planche à billet ».

Néanmoins, les banques centrales ne sont pas les seules à créer de la monnaie. Les banques commerciales peuvent aussi créer de la monnaie [5] : elles prêtent des sommes dont elles ne possèdent qu’une partie (appelée réserve obligatoire, fixée à 2% dans la zone euros, 8% pour des obligations d’états). De fait, 92% des sommes prêtées est donc potentiellement créée par une banque.

 

De fait, lorsque l’Etat français emprunte auprès d’une banque commerciale pour prêter ensuite à la Grèce, la banque lui prête de l’argent qu’elle a créé à 92% pour l’occasion. La différence avec un prêt auprès de la BCE où la création de monnaie est de 100%  n’est donc techniquement pas d’une grande importance.

 

La BCE maintient des taux directeurs extrêmement bas, ce qui revient à dire qu’elle encourage le crédit et donc la création monétaire par les banques commerciales. A ce moment là, pourquoi ne pas permettre la création monétaire directe par la BCE pour sauver la Grèce ?

 

4°/ L’UE où le renoncement des Etats

La Grèce est aujourd’hui considérée par les agences de notations comme ayant un niveau de risque de non remboursement de sa dette équivalant à un fond spéculatif, et non à un Etat. Mais la vérité est aussi que la Grèce a renoncé, comme tous les autres Etats de la zone euro, à la plupart de ses prérogatives d’Etat indépendant en matière de gouvernance économique, au nom du dogme libérale.

 

Ainsi, la Grèce a renoncé à son droit de création de monnaie au profit de la Banque Centrale Européenne indépendante qui a interdiction de lui prêter de l’argent.

Ainsi, la Grèce a renoncé à son contrôle sur la valeur de sa monnaie, se retirant le droit de la dévaluer, toujours au profit de la BCE, indépendante. Pire encore, la Grèce a donné pour objectif à la BCE de lutter uniquement contre l’inflation, et non pas de favoriser la croissance ou de lutter contre le chômage à l’instar de la FED aux USA. Une dévaluation de l’euro pour aider la Grèce est impossible.

Ainsi, la Grèce a renoncé à son droit de contrôler les flux de marchandises qui entrent et sortent de son territoire au nom de la « concurrence libre et non faussée » en délégant à l’UE la tarification des droits de douanes.

Ainsi, toujours au nom de la « concurrence libre et non faussée », les possibilités d’intervention de la Grèce dans son économie sont contraintes, un Etat européen ne pouvant pas favoriser ou subventionner une entreprise nationale.

Ceci est bien sûr vrai pour tout Etat de l’UE, France comprise.

 

Il ne reste donc à la Grèce qu’une seule variable d’ajustement macro-économique : sa population. D’où le train de mesure extrêmement régressif à l’encontre de la population grecque, sans qu’aucune autre mesure d’ordre macro-économique sur tout autre pan de l’économie ne soit prise.

 

Mais ceci n’est pas une fatalité qui s’imposerait à tout Etat au monde. C’est la conséquence du choix politique pour la Grèce et pour tous les pays européens d’avoir renoncé à leurs prérogatives d’Etat au nom du libéralisme et du « moins d’Etat », laissant ainsi faire le marché.

 

Une autre Banque Centrale, non indépendante des Etats, avec pour objectif la lutte contre le chômage et la croissance, et la crise grecque pourrait être résolue avec bien moins de sacrifice pour la population grecque.

 

[1] : Eaysbourse.com – L’assemblée nationale entérine l’aide à la Grèce.(04/05/10)

[2] : Bellaciao – Faillite de la Grèce : elle doit emprunter à des taux qui ne cessent de monter (20/04/10)

[3] :  PCF – Grèce : Austérité et régression sociale ne sont pas la solution (29/04/10)

         Blog de Jean-Luc Mélenchon – Invitée de la matinale sur Europe 1 sur la Grèce (29/04/10)

[4] Traité de Maastricht – Article 104.

[5] Wikipedia – Création monétaire. Et articles liés.

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