Militant du FdG (du PCF pour être précis), le vaudeville parisien me plonge dans un désarroi profond ; désarroi que je pense partagé par nombre de camarades et dont je veux faire état ici. Je suis heureux de ne pas être parisien, car si c’était le cas, je serais bien en peine de « choisir mon camp » quand les différentes composantes du FdG partent dans des directions diverses voir opposées.
Comme tous les sympathisants, adhérents et dirigeants des différents partis qui composent le Front de Gauche (PCF, PG, GU, Ensemble …), je me définis en opposition à la politique gouvernementale. Cela ne fait débat pour personne au sein du Front de Gauche, ni Pierre Laurent, ni Jean-Luc Mélenchon ni aucun adhérant d’aucun des partis du FdG.
Ceci posé, les élections municipales ne sont pas des élections nationales ; et notamment les candidats aux élections municipales peuvent avoir des opinions divergentes des dirigeants nationaux de leurs partis. Il est des députés PS, des membres nationaux de la direction du PS qui se sont opposés en interne ou à l’assemblée nationale aux réformes régressives du gouvernement sur l’ANI, les retraites et qui condamnent la politique d’austérité. Faire campagne avec et pour ces gens là où leurs soutiens locaux ne me poserait aucun problème de conscience.
Le choix de partir localement en autonomie face au PS ou de faire une liste d’union de la gauche est donc un choix local, dépendant de la personnalité exacte du candidat. Nous pouvons avoir chacun et chacune des différences d’appréciation sur cette personnalité et son adéquation avec ce que nous pensons être une politique municipale de gauche et anti-austérité. Mais il ne s’agit que d’une différence d’appréciation sur une personne, pas d’une divergence de fond sur la stratégie et l’orientation politique globale d’un parti.
En l’espèce, de mon regard distant de banlieusard, je n’ai pas l’impression qu’Anne Hidalgo fasse partie de l’aile gauche du PS et envisage de mener une bataille contre l’austérité à la tête de sa ville. Néanmoins, 56% des communistes parisiens en ont pensé autrement. Par respect pour la démocratie interne au sein de mon parti, j’en prends acte.Communiste parisien, je n’aurais sans doute pas fait campagne avec ardeur et conviction pour la liste menée par Anne Hidalgo, il est vrai. Heureusement pour moi, je ne le suis pas.
Mais la campagne de Danielle Simmonet pour le PG et Ensemble me plonge tout autant dans la perplexité. J’avais au départ accueillie comme une bonne nouvelle la présence d’une liste Front de Gauche à Paris, défendant une politique contre l’austérité. Néanmoins, le positionnement politique de Jean-Luc Mélenchon qui concentre ses critiques sur le PS, oubliant d’attaquer l’UMP et le FN me dérange profondément. Il rend impossible le rassemblement au second tour contre l’UMP et le FN.
Je me souviens d’un Jean-Luc Mélenchon appelant à voter François Hollande « sans condition » pour battre Nicolas Sarkozy au soir du 1er tour des élections présidentielles. J’attends avec curiosité de savoir ce que déclarera Danielle Simmonet au soir du 1er tour des élections municipales. Appellera-t-elle à voter Anne Hidalgo « sans condition » pour battre NKM ? Si tel est le cas, était-il bien nécessaire de mener le Front de Gauche au bord de la rupture pour en arriver là ? Ou bien n’appellera-t-elle pas à voter Anne Hidalgo, en déclarant qu’Hidalgo et NKM, c’est blanc-bonnet et bonnet-blanc ? Une telle attitude, purement « gauchiste », serait autant en désaccord avec les principes fondateurs du FdG que l’alliance de 1er tour avec le PS.
Enfin, le positionnement du PG dans d’autres villes de France m’interroge. Car dans de nombreuses villes, le PG s’allie au 1er tour avec un parti membre du gouvernement : EELV. L’alliance occasionnelle quand le rapport de force le nécessite avec le poids-léger du gouvernement mais le refus de toute alliance avec le poids fort du gouvernement envers et contre tout ne me paraît pas d’une parfaite « lisibilité » pour reprendre les termes de Jean-Luc Mélenchon.. Alors certes, je n’ignore pas que le débat interne est intense au sein d’EELV sur le soutien au gouvernement et que nombre de candidats EELV ne seront pas d’ardents promoteurs de la politique gouvernementale dans leurs villes.
Mais encore une fois, si tout est question de perception et d’appréciation de la personnalité individuelle du candidat PS ou EELV, on peut avoir des divergences d’analyse, mais cela ne mérite pas d’anathème. Peut-être même que certains communistes parisiens qui ont voté pour partir avec Anne Hidalgo seraient dans d’autres communes contre le soutien apporté par le PG à un candidat EELV plus proche selon eux des positions gouvernementales qu’Anne Hidalgo. Personnellement, je ne me risquerais pas à faire de procès à untel ou untel sur un terrain aussi glissant.
Bref, « tout ça pour ça », le niveau de désaccord au sein du Front de Gauche me paraît être de l’ordre de la discussion politique animée entre camarades, mais pas de rompre les ponts au point de remettre en cause l’existence même du Front de Gauche comme a pu le faire Jean-Luc Mélenchon.
Selon moi, il aurait fallu une liste du Front de Gauche au 1er tour, mais avec l’engagement d’appeler au rassemblement de toutes les forces de gauche (FdG, EELV, PS) au 2ème tour pour battre la droite et l’extrême-droite. Entre deux mauvais choix, partir avec le PS au 1er tour ; ne pas appeler au rassemblement de la gauche au 2ème tour, je serais bien en peine de choisir. Bien heureux de ne pas être parisien.